Les Chroniques de l'Imaginaire

Le pacte de la voleuse (Widdershins - 1) - Marmell, Ari

Widdershins est une voleuse qui n’a pas froid aux yeux. Elle est talentueuse, mais aussi chanceuse, et pour cause : elle est accompagnée en permanence par une présence invisible, rien de moins qu’un dieu qui lui donne de petits coups de pouce quand elle en a besoin. Le dieu Olgun n’a en effet rien de mieux à faire, puisqu'une créature sanguinaire a massacré tous ses autres fidèles deux ans auparavant. En une nuit terrible, Adrienne Satti l’aristocrate a perdu tous ses amis, et depuis elle se cache sous l’identité de Widdershins la voleuse.
A la veille de la visite d’un archevêque, la cité de Davillon fait peau neuve : tant la Garde que la Guilde des Dénicheurs - qui gère dans l’ombre tous les filous de la ville - veulent que le séjour de l’éminent personnage se passe au mieux. Après un avertissement un peu sévère de la Guilde et une arrestation « sur présomption » de la Garde, Widdershins voit rouge : puisqu'il en est ainsi, elle va mettre un point d’honneur à détrousser l’archevêque lui-même…

Une belle couverture est toujours un atout pour un livre, et si le sujet me semblait éculé, j’avais cependant envie de le découvrir. Au début, je l’ai trouvé honnête sans plus : une intrigue classique sans grande surprise, avec des rebondissements assez prévisibles, des personnages sans grande profondeur, et surtout quelques longueurs qui faisaient que je n’accrochais pas vraiment. Sans compter d’incessants allers-retours dans la chronologie de l’histoire, qui m’embrouillaient un peu alors même qu’ils étaient clairement intégrés au récit pour aviver l’intérêt. Pour moi, l’exaltation n’était pas là !
Mais au fil de ma lecture, mon opinion a évolué au point que je ne l’ai plus lâché avant de le finir. Finalement, je me suis trouvée prise dans l’histoire et attachée aux personnages : on aime Widdershins et son compagnon l’insaisissable Olgun, mais également les personnages secondaires malgré leur côté un peu caricatural. C’est plutôt bien écrit, plaisant à lire, et le rythme finit par s’accélérer, faisant oublier la petite sensation d’ennui du début.

L’univers n’est pas très développé : une unique ville, que l’on parcourt sans guère la découvrir ; des personnages venant de tous les milieux sociaux (des nobles, des malfrats, des gardes…), mais dont la seule particularité notable semble la consonance française quasi-systématique de leur nom, ce qui peut étonner de la part d’un auteur américain.
La touche d’originalité vient du système de religion mis en place, un polythéisme unanimement adopté. Un Pacte ancien lie les disciples des cent quarante sept dieux principaux, leur interdisant les rites sanglants et les guerres ouvertes, mais honorer les dieux païens est toléré sans problème. Ces multiples dieux, adoptés comme protecteurs par des villes ou des familles, ne se manifestent généralement pas, mais ceux qui ont la foi la plus profonde peuvent voir se produire autour d’eux de petites coïncidences, un soupçon de chance par-ci par-là, qui attestent de la présence du divin pour qui sait voir au-delà des apparences. J’avoue avoir été séduite par cette légèreté avec laquelle les dieux peuvent interagir avec les croyants, bien loin de dieux tout-puissants que l’on croise parfois en fantasy.

Si ce roman peut sembler un peu fade à un lecteur de fantasy blasé par de trop nombreuses lectures, nul doute qu’il saura satisfaire le public cible d’ados et de jeunes adules. La fin, qui n’épargne pas les personnages, laisse la voie ouverte à de nouveaux développements. D'ailleurs, la série compte déjà quatre tomes en VO. J’espère que nous aurons l’occasion de les découvrir en VF !