Après avoir englouti plusieurs dizaines d'heures de séries policières à la télé, vos derniers neurones éveillés se posent-ils encore la question de la vraisemblance des résultats de la police scientifique de votre commissariat ou agence préférée ?
Quelles informations est-il possible d'obtenir en relevant des traces d'ADN, des empreintes digitales, des insectes près des cadavres ? Est-ce-que l'étude de la position des gouttelettes de sang dans une pièce peut vraiment aider à la compréhension d'un crime ? Comment travaille la gendarmerie scientifique en France, quels sont ses moyens, quelle est la formation de ses techniciens, comment va-t-elle évoluer dans le futur ? Jacques Pradel est allé sur le terrain, il est parti à la rencontre des cadres et dirigeants de l'Institut de Recherche Criminalistique de la Gendarmerie Nationale (IRCGN) pour retracer l'historique de l'Institut, découvrir ses méthodes de travail et les résultats obtenus dans quelques affaires phares depuis les années quatre-vingts.
Pradel découpe son livre en plusieurs chapitres qu'il consacre, soit à un épisode de l'histoire de l'IRCGN, soit à une technique particulière (ADN, empreintes, automobiles, entomologie, informatique), soit à une affaire médiatiquement connue (Diana, la tuerie de Montfort, Flactif), dans un ordre chronologique. Il agrémente ces sections de commentaires des gendarmes compétents, qui s'ouvrent pour la première fois au grand public.
Au niveau de forme de l'ouvrage, la plume de Pradel est agréable à suivre, directe et se lit rapidement. Il rend cet intéressant ouvrage prenant. Toutefois, le contenu des chapitres est un peu répétitif et la structure aurait pu être mieux élaborée.
Quant au fond, je n'ai rien à redire sur les propos de Pradel, par contre, il est dommage que l'auteur ne se mouille pas sur le terrain politique : il n'évoque pas l'influence (certaine) de la couleur du gouvernement en place sur les possibilités et/ou restrictions de l'IRCGN. Il ne parle pas non plus du financement de cet Institut et/ou de la suffisance de celui-ci par rapport au travail à accomplir. Par ailleurs, une conclusion personnelle de l'auteur, qui semble capable dans les domaines de la police, du crime et de la justice, aurait été un plus.
Au final, Police scientifique : la révolution est un ouvrage intéressant et instructif (il pourrait être utile aux rôlistes) qui sera rapidement parcouru par le lecteur. On aurait aimé un apport personnel de Pradel.