Les Chroniques de l'Imaginaire

La comptine des coupables (Une enquête du commissaire Sjöberg - 3) - Gerhardsen, Carin

Le roman s’ouvre sur un meurtre horrible : un homme égorge une jeune femme et ses enfants de deux et quatre ans. Un voisin va sonner chez elle le lendemain pour lui demander d’échanger leurs horaires à la buanderie. N’obtenant pas de réponse, il regarde par la fente destinée au courrier et en voyant du sang dans le couloir, il appelle immédiatement la police.

Le commissaire Conny Sjöberg se rend sur les lieux du crime avec son équipe. L’action se situe six mois après la fin de Hanna était seule à la maison, avec la même équipe d’investigation. Rien n’explique ce geste très violent et la police est désemparée. La victime est une Philippine mariée à un Suédois dont on ne trouve aucune trace dans l’appartement. Elle semble vivre de son travail de femme de ménage au noir, mais comment a-t-elle pu se payer cet appartement valant plus de deux millions dans un quartier huppé ? Et d’où provient l’argent qui tombe tous les mois sur son compte bancaire et qui semble supérieur à un revenu d’employée de maison ? Les enquêteurs pensent à un trafic de drogue ou à la prostitution… D’ailleurs, les jolies jeunes femmes asiatiques ne sont-elles pas la plupart des prostituées ? hasarde un jeune inspecteur.

D’habitude, les tâches administratives ennuyeuses comme les vérifications des appels téléphoniques et autres sont confiées à Einar Eriksson, le bougon de service qui excelle dans ces tâches ingrates, mais en ce lundi matin, il n’est pas venu travailler et ne s’est même pas excusé. Ce n’est guère dans ses habitudes, mais Conny a trop de travail pour y prendre garde.

D’ailleurs son équipe n’est pas au mieux de sa forme, son adjoint et meilleur ami Jens se remet d’une attaque et travaille toujours à cinquante pour cent. Petra déteste Jamal parce qu’elle croit qu’il l’a violée après l’avoir droguée, et qu’il a essayé de la faire renvoyer par une manipulation informatique. Jamal n’est au courant de rien et croit que Petra est jalouse car il a eu une liaison avec Bella, le médecin légiste. Conny n’est pas en pleine forme non plus, tourmenté par une relation adultère qu’il entretient avec une femme médecin rousse. Même s’ils ne se voient pas une fois par mois, Conny sait qu’il a dépassé le dérapage accidentel ; il aime sa femme Asa et craint de tout perdre. Il essaie de se persuader que c’est de la faute de sa maîtresse, il en fait des cauchemars, et par-dessus le marché sa mère refuse de lui parler de son père dont il ne sait rien.

L’enquête dure une petite semaine du dimanche au vendredi soir suivant, chaque jour correspondant à un chapitre qui commence par les souvenirs en italique d’un homme dont on ne sait pas s’il est l’assassin ou un autre protagoniste (du moins au début). Il n’y a pas véritablement d’action en dehors du meurtre et de la conclusion de l’enquête, qui se poursuit lentement. L’accent est vraiment mis sur les personnages, leur psychologie et les liens qui les unissent. Et Conny ira de surprise en surprise sur ses collègues et sa famille. Au-delà de l’enquête, le sujet du livre, ce sont vraiment les états d’âme du héros, son questionnement intérieur et ses remises en question.

J’ai eu beaucoup de plaisir à lire ce livre, mais je crains que comme le précédent de la série, il ne me laisse pas de souvenir marquant, vu que ce n’est pas vraiment un polar d’action. Je suis impatiente de lire le prochain, je me demande comment Carin Gerhardsen pourra rebondir, tant cet opus donne l’impression de livrer toutes les clés des personnages, en particulier du commissaire. Les thématiques principales sont le passé, les préjugés et la culpabilité. Même s’il s’agit avant tout d’un polar portant sur la psychologie, il y a du suspense. Les personnages sont très bien construits et prennent plus d’épaisseur à chaque opus, leurs relations évoluent, et là aussi le lecteur ira de surprise en surprise, c’est un vrai plaisir de suivre leurs aventures.