Les Chroniques de l'Imaginaire

Ring (Ring) - Suzuki, Kôji

Cet impressionnant volume contient trois romans de Suzuki, présenté comme le Stephen King japonais. Des films (japonais et américain) en ont été tirés, mais je ne les ai pas vus, je n’ai donc pas été influencé par eux. D'après la critique, la version japonaise est excellente et l’américaine complètement ratée. Je connais très peu la littérature japonaise et ce livre n’était pas un premier choix, mais j’en ai hérité car il n’intéressait personne, je le précise pour tempérer ma critique, en particulier du tome trois.

Ring : c’est certainement le livre le plus connu de Suzuki, ce fut un immense succès de librairie.
Une jeune fille de dix-sept ans meurt brutalement d’une crise cardiaque, ainsi qu’un jeune homme de dix-neuf ans, tous les deux au même moment. Le médecin conclut à un problème cardiaque, ce qui est possible chez des adolescents, même si c’est très rare. Asakawa est journaliste à Tokyo et oncle de la jeune victime. Il a connu un gros échec professionnel deux ans auparavant et désire plus que tout se racheter en écrivant un article formidable. En même temps, il ne peut croire à une coïncidence pour les décès de ces deux jeunes, il enquête et se rend compte que ce sont en fait quatre adolescents qui sont morts en même temps d’un arrêt cardiaque, il cherche ce qui les relie avec l’aide de son ami Ryuji, un professeur d’université un peu loufoque qui se passionne pour les énigmes. Il s’agit d’une cassette vidéo trouvée dans un centre de vacances, elle est faite d’images assez étranges et surtout elle annonce que tous ceux qui ont vu les images mourront exactement une semaine plus tard, sauf s’ils se conforment aux instructions qui suivent. Malheureusement, les jeunes n’ont pas pris le message au sérieux, n’ont pas fait ce qu’on leur demandait et surtout ont effacé la fin de la cassette. Plus personne ne sait que faire, Asakawa et son ami se lancent dans une course contre la montre pour stopper la malédiction de la cassette.

Double hélice : Mitsuo Ando est professeur de médecine légale et médecin légiste. Il est en pleine dépression suite à son divorce. Son petit garçon de quatre ans s’est noyé tandis qu’il devait le surveiller sur la plage et son mariage n’a pas résisté au drame. On lui demande d’autopsier le corps de son ami Ryuji, un ancien condisciple passionné d’énigmes. Mitsuo est franchement inquiet, car lors du deuxième examen du corps de Ryuji, il trouve à l’intérieur un morceau de papier sur lequel est marqué le mot "Ring" qui ne s’y trouvait pas lors du premier examen. De plus la victime semble décédée des suites de la variole, pourtant éradiquée depuis plusieurs décennies au Japon. Le médecin essaie de rassembler les pièces de ce puzzle épars et fait le lien avec le tome un de la trilogie Ring, sur laquelle l’auteur revient avec moult détails et explications.

La boucle : dernier tome de la trilogie et au début on a vraiment l’impression que c’est la pièce de trop, que l’auteur a vraiment voulu rajouter un troisième roman pour faire une trilogie, mais que ce roman n’a rien à faire là.
Kaorou est depuis son enfance un génie de l’informatique et de la science, il se passionne pour les anomalies gravitationnelles et leur impact sur la longévité humaine. Devenu adulte, il est un médecin et un chercheur brillant. Ses recherches portent sur une forme de cancer qui semble virale et ne touche que des chercheurs et des informaticiens de haut niveau, dont son père. La première moitié de ce volume est assez insupportable à lire, il ne se passe rien et nous somme abreuvés de vocabulaire médical et scientifique jusqu’à plus soif. A ce moment, Kaorou fait le lien entre ses propres recherches et Ring, ce qui nous vaut une nouvelle et longue explication d’éléments dont Suzuki a déjà longuement parlé ailleurs. Mais cela débloque aussi la fin de l’histoire et apporte un dénouement surprenant qui redéfinit toute la trilogie.

J’ai beaucoup aimé Ring, même si le rythme est lent et que l’histoire a de la peine à démarrer, mais je crois que c’est typique de la littérature japonaise. Cette partie bascule peu à peu dans le surnaturel avec un fantôme bien inquiétant. Il se dégage une angoisse subtile et sourde qui contamine le lecteur. J’ai même rêvé que le méchant fantôme me poursuivait, c’est dire. La deuxième partie est nettement moins fantastique, Mitsuo essaie de donner une explication rationnelle et scientifique, même s’il reste un soupçon de fantastique. La troisième partie n’en contient plus du tout, on est plutôt dans un livre de science-fiction qui n’a plus grand chose à voir avec le début de l’histoire et malgré le dénouement très surprenant et ingénieux, ce tome 3 est vraiment très très indigeste, du moins pour les personnes non intéressées par le genre science-fiction et peu au fait de la littérature japonaise. Et j’avoue que je ne l’aurais jamais fini si je n’y avais pas été obligée. C’est sans doute en référence à la première partie qu’on a comparé l’auteur avec Stephen King.

Les personnages manquent de profondeur à mon avis, quant aux thèmes traités, en dehors du fantastique ce sont surtout les aléas de la vie, la mort, l’amour, le sens de la vie, l’amitié mais surtout la souffrance causée par la perte d’un être cher et la difficulté à faire le deuil. Un autre point très ennuyeux, c’est que les mêmes éléments sont expliqués et repris de nombreuses fois au cours du livre, ce qui rajoute encore quelques longueurs à ce pavé.

J’ai un avis assez mitigé, j’ai beaucoup aimé le premier tome, trouvé le deuxième moins intéressant mais encore supportable, par contre le troisième ne m’a pas plu du tout.