Les Chroniques de l'Imaginaire

Une belle saloperie - Littell, Robert

Vétéran de la CIA reconverti en détective privé, Lemuel Gunn est installé à l'écart de tout, dans une caravane qui, comme lui, aurait dû appartenir au siècle dernier. Réfractaire au monde moderne, il vit pendu à ses principes, eux aussi parfois un peu surannés. Il vivote donc, au fond de ce vieux camping, quand Ornella tape à sa porte. Ornella Neppi, "comtesse aux pieds nus", souhaite l'engager. Elle est prêteuse sur gages et a avancé la caution d'Emilio Gava qui a eu la bonne idée de disparaître. Pourquoi lui ? C'est facile, il est efficace certes, mais a surtout l'énorme avantage de ne pas toucher d'argent tant qu'il n'a pas réussi sa mission. L'affaire ne sera pas simple et va même se révéler bien plus épineuse que prévu...

Un bon vieux polar à l'ancienne, ça vous tente ? Alors n'hésitez pas et jetez vous sur celui ci.

Inscrit dans un décor purement américain, Une belle saloperie développe son intrigue avec un décalage dans l'espace temps assez sympathique et rafraîchissant : un détective à l'ancienne, complètement décalé, enquête dans un monde atrocement actuel.

Oui, certains passages sont un peu téléphonés, certains sont même indéniablement des figures imposées auxquelles il est bien difficile de se soustraire dans ce genre de romans. Bien sûr, la sensation de "déjà lu" est parfois présente, mais pour autant cela n'empêche pas le plaisir de la lecture. L'exercice est bien sûr difficile, mais en l'occurrence, la recherche de l'amateur du genre n'est pas là.

Nous retrouvons ici un véritable hommage aux méthodes à l'ancienne, à l'ingéniosité, à la réflexion. Une bonne dose d'humour, et la sensation globale est réellement agréable. L'auteur joue avec les clichés, les multiplie et les marie avec beaucoup de réussite. Pour autant, les rebondissements et les situations chaudes et stressantes ne sont pas oubliées.

Les personnages sont tout à la fois classiques et atypiques. Ils recèlent leur part de mystère mais restent des incontournables du genre. Vraiment attachant, Lemuel Gunn a tout de l'anti-héros un peu perdu et en sous régime traditionnel.

Voilà un hommage réussi à Raymond Chandler que vous lirez sans vous arrêter. Une réussite.