Les Chroniques de l'Imaginaire

TK, l'important c'est d'y croire - Laborde, Philippe

Alan et ses trois meilleurs amis sont des ados tout à fait ordinaires. Après avoir entendu plusieurs histoires étonnantes, leur nouveau hobby concerne les perceptions extrasensorielles : clairvoyance, télépathie… Justement, il y a dans leur ville un radiesthésiste confirmé, capable de localiser tout ce qu’on lui demande de retrouver, que ce soit une source dans un jardin ou une personne disparue. Le vieux Huysmann refuse tout net de rencontrer les quatre amis pour satisfaire leur curiosité, mais ceux-ci sont bien décidés à passer outre. Les voilà bientôt se concentrant à mort sur des exercices de TK (télékinésie) !

Quel enfant n’a jamais essayé de transmettre une image à un camarade par télépathie, ou de déplacer un objet sans y toucher ? C’est en partant de ce fantasme classique et en imaginant qu’il se réalise que l’auteur a bâti son histoire. A travers les réflexions d’Alan, on voit comment les quatre amis se sont pris au jeu, d’abord sans vraiment y croire puis plus sérieusement. On assiste à toutes les étapes (préparation, concentration, pratique…) et en même temps on partage les préoccupations des jeunes garçons (qu’est-ce qu’un super-Alan pourrait réellement faire dans notre monde, où il n’y a pas de super-méchant à combattre ? Et l’éthique ?). On est dans le fantastique, mais dans un fantastique assez proche du réel, sans vampire ou zombie qui nous permettrait tout de suite de prendre des distances en se disant que c’est de la fiction.

A côté de l’apprentissage de la télékinésie par Alan et ses amis, il y a une vague intrigue à propos de la disparition du radiesthésiste, faisant intervenir mystère et danger. Hélas, c’est un peu léger, et d’ailleurs toutes les questions sur ce sujet restent en suspens à la fin du livre. Peut-être une suite est-elle prévue ? Je l’espère, car pour ma part, je reste sur ma faim.

Cela ne m’aurait probablement pas dérangée si le récit en lui-même ne m’avait pas agacée. L’histoire est racontée à la première personne par Alan. Ce type de narration a ses avantages et ses inconvénients, mais pour moi là il y avait surtout des inconvénients. D'abord, le langage employé est résolument jeune : tous les trucs qui arrivent à Alan sont « trop de la balle » ou « hyper chelou ». Pour moi qui suis adulte et ne parle par le verlan naturellement, je dois inverser mentalement les syllabes à chaque fois, ça coupe ma lecture et c’est « hyper relou ». Le langage est trop familier, les phrases négatives où il manque le « ne » ou le « pas » usantes à la longue.
Il y a pas mal d’anecdotes sans grand intérêt sur ce qui arrive à côté ou autre, des descriptions systématiques de ce que le héros mange, bref beaucoup de passages un peu ennuyeux. Il y a aussi de nombreuses références cinématographiques ou littéraires, cela pourrait être une bonne chose, mais malheureusement on reste dans l’hyper-basique ne traduisant pas la moindre culture : Star Wars, Harry Potter, le Seigneur des Anneaux…
Enfin, seul le personnage d’Alan est au premier plan. Il n’est pas très approfondi, mais quand même plus que ses trois amis : ils sont si fades qu’on pourrait les interchanger, d’ailleurs j’ai déjà oublié leur prénom.

Cela se laisse lire, sans plus. Je pense que cela pourra plaire aux adolescents, qui constituent clairement le public visé (l’éditeur le conseille à partir de treize ans), mais peut-être les adultes feraient-ils mieux de s’abstenir.