Les Chroniques de l'Imaginaire

De Profundis (Prophet - 4) - Lauffray, Mathieu & Lauffray, Mathieu & Henninot, Eric & Pion, Patrick

Un immense paquebot, le San Gabriel, arrive près de Manhattan en ce 4 juillet 2006. Pendant ce temps, un pêcheur aperçoit des poissons échoués sur la plage, mais d’une sorte étrange, impossible, qu’il ne connait pas. Un homme attend le métro quand il aperçoit des personnes qui sortent du tunnel à pied. Et là, la rame passe. Mais il n’y a pas de collision et une des personnes se retrouve même sur le quai. Elle ressemble à un spectre et du sang et des insectes gouttent de son corps. Des revenants et des visions sanglantes apparaissent aussi dans l’hôpital St Francis. Puis le San Gabriel pénètre dans la ville, sans marquer d’arrêt, et détruit les bâtiments qui se trouvent sur son passage. Oui, les choses se délitent et plus rien ne sera comme avant.

Neuf ans, c’est long. Très long. Trop long. Neuf ans entre le tome 3, paru à l’époque chez Les Humanoïdes Associés, et cette clôture de série, passée chez Soleil. C’est un pari risqué pour la maison d’édition parce que la série n’est certainement plus dans l’esprit de beaucoup de personnes. En tout cas, elle n’était plus dans le mien. Nous avons l’habitude de séries qui ne se terminent jamais, en bande dessinée encore plus qu’en roman. Du coup, au bout d’un certain temps, on n’attend plus, on jette l’éponge. C’est donc un choix pour le moins étonnant. Mais il tenait sans doute à cœur à Mathieu Lauffray de terminer sa série.

On navigue entre les flashbacks, les scènes apocalyptiques ou prophétiques. Le tout est toujours très bien mené et l’ambiance qui plaisait à l’époque est toujours présente. C’est sombre et schizophrène, mais c’est aussi pour ça qu’on appréciait Prophet. Le dessin est toujours d’un très haut niveau et il y a certaines planches ou certaines cases qu’on prend plaisir à décortiquer sous tous les angles.

Malgré les réserves que j’émettais au début, cette fin plaira certainement à ceux qui, contrairement à moi, ont su attendre et n’espéraient plus. C’est en tout cas très louable d’avoir voulu mener à bien une série, malgré toutes les difficultés qu’elle aura pu rencontrer pour sortir.