"Éminent spécialiste de Dante, professeur à l'Université de Toronto le jour, Gabriel Emerson se transforme chaque nuit en véritable don Juan", est-il écrit en quatrième de couverture pour allécher le lecteur, ou plutôt la lectrice. Parce qu'ensuite on raconte que l'éminent professeur va tomber fou amoureux d'une jeune fille sage et douce, complètement à l'opposé de ses conquêtes, et que cette passion interdite risque de provoquer bien des ravages...
En lisant ce résumé, je m'attendais à un roman un peu érotique, libertin, coquin. J'ai été bien déçue. Des fameuses nuits de débauche de Gabriel, il n'y a absolument aucune trace, sauf quelques rares et très fugaces allusions. Je les ai attendues pendant des pages et des pages, mais au lieu de cela j'ai eu droit aux tergiversations de Julia, à ses douloureux souvenirs avec lui, une histoire d'amour que l'on peut croire sordide, mais qui s'avère d'une banalité à pleurer. J'ai eu droit aux tergiversations du professeur, le beau-brun-ténébreux archi-classique de ce genre de roman, qui souffre en silence et qui, dans sa grande bonté, est prêt à se sacrifier pour sa belle. Et qui lui aussi a eu une enfance sordide. Enfin, quand on apprend ce qui s'est passé, que ce soit pour lui ou pour elle, on se dit "tout ça pour ça ?".
Pour donner un aspect un peu plus intellectuel à son roman, l'auteur nous gratifie de quelques belles phrases sur Dante, Béatrice, La divine Comédie, on a même droit à la retranscription presque intégrale de la conférence du professeur sur Dante et je-ne-sais-plus quel sujet.
De scènes érotiques, point. Des baisers, des caresses, de longues conversations, des hésitations, des allusions, oui. Et ça s'arrêtera là. Sauf à la fin, mais au bout de 750 pages, on en a tellement assez que ça tombe à plat. La scène un tantinet érotique (mais vraiment un tantinet !) arrive beaucoup beaucoup trop tard.
Ce roman est certes une histoire d'amour, mais sans aucune originalité, et qui mériterait grandement d'être amincie de deux ou trois centaines de pages tant on se lasse des incessantes hésitations de chacun des protagonistes, et ils s'aiment, et ils se séparent, et ils s'aiment à nouveau, et ils s'avouent un ou deux secrets, et ils se re-séparent, etc.
L'écriture est cependant agréable, fluide, et on peut facilement se laisser emporter par cette histoire d'amour sur fond de Renaissance.
Les tomes suivants (il semblerait qu'il y en ait quatre) seront peut-être plus intéressants.