Nous sommes le 28 Juin 1914 à Sarajevo. L'archiduc Franz Ferdinand de Habsbourg parade dans les rues de la capitale, en compagnie de son épouse et d'un imposant convoi. Un attentat, connu de tous, a lieu, avec Gavrilo Princip, un homme seul armé d'un browning, qui tue froidement l'héritier du trône d'Autriche-Hongrie. Un événement majeur qui est un des déclencheurs de la Première Guerre Mondiale. C'est ce que Jean Jaurès découvre en tout cas dans la presse, notamment dans L'Humanité, journal socialiste dont il est le directeur politique.
Retournons maintenant plus en arrière, notamment en 1893, lorsque Jaurès est député du Tarn. La grève gronde au sein des mines de charbon, dans ce que l'on appelle aujourd'hui les grèves de Carmaux. Jaurès aura l'occasion d'y faire un discours socialiste qui restera dans toutes les mémoires, dans un épisode qui est fondateur dans la conversion de Jean Jaurès au socialisme.
L'homme gravit les échelons, et prend la défense du capitaine Dreyfus, dans une affaire dont on parle encore beaucoup aujourd'hui. En 1905, Jaurès est un des pères du SFIO, parti qui est l'ancêtre du Parti Socialiste actuel. Dans la même veine, Jaurès fonde le journal L'Humanité, qui poursuit l'unification du mouvement socialiste. Dans les années qui suivront, Jaurès n'aura de cesse de défendre la paix, défendant sa cause auprès des grandes institutions du pays, n'hésitant d'ailleurs pas à se mettre à dos les mouvements nationalistes qui secouent le pays.
C'est d'ailleurs cette position pacifiste qui vaudra à Jaurès d'être assassiné le 31 Juillet 1914, la veille du début de la grande guerre, par Raoul Villain.
Glénat et Fayard poursuivent leur série d'un one-shot par grand personnage historique. Après Philippe Le Bel et Vercingétorix, c'est au tour de Charlemagne et de Jean Jaurès d'être mis à l'honneur dans cette collection qui devrait ravir les fans d'Histoire. Ici, les auteurs savent parfaitement faire ressortir le charisme extraordinaire d'un personnage politique clé du siècle dernier. Graphiquement, tout est à l'avenant, et du même acabit que la très belle couverture qui relate le discours de Jaurès auprès des mineurs de Carmaux.
Au niveau du récit, comme pour les précédents de la collection Ils ont fait l'Histoire, des auteurs de BD sont associés à de vrais historiens. En loccurrence, c'est Vincent Duclert qui est ici associé à Jean-David Morvan (Sillage, même si cela n'aura rien à voir...) et Frédérique Voulyzé. Le livre se lit facilement, montrant également Jaurès dans sa vie familiale, entre les grands passages que l'Histoire aura retenus. Le personnage est encore adulé de beaucoup de partis différents, même s'ils sont parfois franchement éloignés des idéaux initiaux relatés ici.
Un livre à conserver précieusement, et à faire forcément découvrir au plus grand nombre.