Bride Stories (Bride Stories - 6) - Mori, Kaoru

Si la fortune d’un homme se compte au nombre de ses moutons, c’est du nombre de ses chevaux qu’il tire sa fierté. Telle est la façon de penser en Asie centrale, au XIXème siècle. Pour les clans, leur troupeau de chevaux est donc comme la prunelle de leurs yeux.
Mais que faire quand les bons pâturages manquent et que les bêtes en pâtissent ? Confrontés à cette situation, les Hargal décident de voler les terres du village de Karluk, en profitant ainsi pour laver l’affront qui leur a été fait précédemment. Mais échaudés par leur premier essai malheureux, ils cherchent préalablement l’alliance de cousins éloignés, les Berdan, qui vont les épauler avec de nombreux canons et fusils.

Dans ce nouveau tome de Bride Stories, nous revenons suivre ce qui se passe autour d’Amir et Karluk. Le conflit qui couvait depuis longtemps avec le clan Hargal éclate enfin et nous allons avoir de belles scènes de batailles. Alliances, trahisons, stratégie et manipulations cachées des Russes qui espèrent que les clans nomades vont s’autodétruire : ce ne sont pas de simples combats isolés que l’on découvre mais bien un événement dramatique d’envergure dont la mangaka nous fait comprendre les tenants et aboutissants.
Au niveau des dessins, les scènes de combat sont claires et compréhensibles, je le souligne car dans beaucoup de mangas les combats me paraissent incompréhensibles. On sent bien la tension, l’intensité du moment. Par contre, ces dessins sont moins travaillés que ceux où Kaoru Mori dépeint des scènes de la vie quotidienne ou des paysages – dessins dans lesquels elle excelle - et j’ai trouvé ça un peu moins agréable à regarder que précédemment.

Pas de souci cependant : bien que toute la deuxième moitié du volume soit consacrée à la bataille, l’ambiance du début ressemble plus à celle des opus précédents et m’a largement contentée.
Dans les premiers chapitres, on voit comment ont évolué Amir et Karluk depuis qu’on les a laissés. Ils sont très attachés l’un à l’autre, mais Karluk est peiné qu’Amir le considère encore comme un enfant. À treize ans, il pense être enfin un homme et aimerait que son épouse lui fasse plus confiance, le traite en adulte. Que c’est dur pour Amir dont les instincts protecteurs sont très développés ! Pour le lecteur, ce sont donc des pages douces et tendres qui apportent une bouffée de fraîcheur.

Dans ce tome, nous découvrons également plus en profondeur un personnage que nous avons déjà croisé : Azher, le frère d’Amir, destiné à prendre la succession de son père comme chef de clan quand le temps sera venu. On le découvre gardant le troupeau de chevaux, chassant… mais aussi réfléchissant à l’avenir du clan, sceptique sur la politique menée par son père mais sans pouvoir de le contredire. Malgré le mauvais rôle joué dans les tomes précédents, il révèle ici toutes ses qualités. Là encore, ce sont de superbes planches minutieusement détaillées, avec des paysages splendides. Lors du combat, il va également se mettre en avant et jouer un rôle important, ce qui peut laisser espérer que l’on retrouvera ce personnage vraiment intéressant par la suite.

Je voudrais ajouter un petit mot, sur l’importance des chevaux dans ce tome-ci. La mangaka avoue avoir profité de ce volume pour en représenter un maximum, et j’avais effectivement lu des avis qui encensaient ces dessins équestres. Ainsi préparée, j’en attendais probablement trop et j’ai été un poil déçue : ce n’est pas si facile de dessiner un cheval, et j’ai trouvé les troupeaux manquant légèrement de détails, et les chevaux en gros plans parfois heurtés.

Je reste cependant sur une impression globale très positive, et il me tarde déjà de découvrir la suite de cette série magnifique.