Nous sommes en plein hiver, dans une petite bourgade en Allemagne. La bourgade en question dispose d'un vieux cimetière, qui a la particularité d'être sur le point d'être démoli : les pelleteuses sont là, immobiles pour le moment, car incapables de creuser dans une terre si dure et si froide. L'autre particularité de ce cimetière réside dans le fait qu'il est plein de... résidents ! Ce sont des êtres morts dans notre réalité, mais qui ne sont encore allés ni au ciel, ni en enfer...
Parmi ces derniers, on trouve notamment Alisik, qui est morte adolescente dans un accident de voiture alors qu'elle était avec son père. Cela fait peu de temps que ce drame est arrivé, et Alisik découvre encore le fonctionnement de son nouvel univers. Elle est amie avec les autres résidents du cimetière, bien plus anciens qu'elle, et elle est surprise de voir que seules les visites mensuelles de la Faucheuse, nommée ici Joe, rythment la vie de ces êtres.
D'ailleurs, ces derniers n'ont en théorie pas le droit de s'éloigner de leur dépouille mortelle (donc du cimetière). Pour autant, cela n'empêche pas Alisik de sortir régulièrement de cet endroit lugubre, pour sortir avec Ruben, un garçon aveugle et bien vivant, qui ne connaît rien encore de l'état d'Alisik. Les adolescents en question se baladent souvent, entrant même dans une maison par effraction. Pourquoi Rubel est-il capable de faire la conversation à Alisik ? On ne le sait pas encore. Il n'empêche que le garçon en question prend une certaine assurance...
Ce tome, intitulé Hiver, est le second tome d'Alisik, une série créée par des auteurs allemands, qui en comportera quatre. La série est ici relativement froide et noire, sans jamais tomber dans le glauque pour autant, même si l'on y croise ça et là des monstres assez peu ragoutants. L'humour est omniprésent, même s'il est parfois relativement morbide, mais les auteurs parviennent à faire mouche à chaque fois, en prenant également soin d'avoir un rythme délicieusement particulier, avec des interludes qui sont tout à fait intéressants, drôles, et pour le moins rafraîchissants.
Au niveau des dessins, c'est absolument magnifique. Chaque planche de Helge Vogt fait l'objet d'un soin immense, presque un tableau à chaque fois, avec d'extraordinaires couleurs que ne renierait pas un certain Tim Burton. Il faut ajouter que le format du livre se prête parfaitement aux dessins et que chaque personnage est du coup très attachant. Ce second tome est l'occasion de découvrir le passé de quelques êtres du cimetière ; c'est à chaque fois croustillant et extrêmement bien trouvé : une très belle découvert en tout cas dont j'attends la suite avec impatience !