Satoru Fujinuma est un mangaka qui a tout de même, il faut bien le dire, bien du mal à trouver le succès. Le plus souvent, les éditeurs l'éconduisent gentiment, non pas que ses productions soient mauvaises, mais elles ne sont pas assez étudiées pour le grand public, qui aura du mal à s'attacher aux personnages de Satoru. Alors, le mangaka de vingt-huit ans commence à désespérer de réussir à vivre de sa passion, et se met à enchaîner les petits boulots, car il faut bien vivre...
Alors qu'il est livreur de pizza, il rencontre une lycéenne prénommée Airi, qui paraît tout de même un peu bizarre avec son langage de jeune ! Satoru n'y prête pas trop attention, et part livrer sa pizza, dans la circulation fournie. C'est alors que le phénomène a lieu pour la première fois. Satoru revit plusieurs fois la même scène, dans ce qu'il appellera lui-même une rediffusion, et remarque un chauffeur qui semble faire un malaise dans un camion. Sous les yeux d'Airi, Satiru parvient à éviter à un petit garçon de se faire écraser, et évite le désastre, non sans se retrouver lui-même à l'hôpital, heureusement sans trop de gravité.
Pour s'expliquer cette mystérieuse vision, Satoru ne peut s'empêcher de replonger dans son passé. L'introspection est de mise, d'autant que la mère de Satoru s'invite chez lui pour quelques temps, alors même que leurs relations ne sont pas forcément extraordinaires depuis quelques années. Par ailleurs, Airi semble se rapprocher de plus en plus de Satoru, sans que celui-ci ne parvienne à s'attacher à une collègue de travail bien plus jeune que lui.
Bientôt, les phénomènes de rediffusion vont recommencer, trouvant des explications dans un événement lourd du passé de Satoru... Ce sont ces éléments qui sont présentés par Kei Sanbe dans ce premier tome de Erased, un seinen qui sort chez Ki-oon. Il faut bien reconnaître que Kei Sanbe parvient, lui, sans problème, à insuffler de l'intérêt et de la crédibilité dans un personnage pourtant bien sombre de prime abord !
Satoru Fujinima est un personnage travaillé, crédible, et terriblement accrocheur, finalement, malgré son manque d'intérêt si justement travaillé. Le garçon a des soucis, et le lecteur n'aura aucun mal à s'identifier, finalement. Les dessins de Kei Sanbe sont eux aussi bien sympathiques, faisant la part belle aux expressions et aux mouvements qui sont bien rendus dans les quelques scènes d'actions, dans le plus pur style manga. La lisibilité, quant à elle, ne souffre d'aucun défaut graphique, que ce soit dans les scènes de flashback ou dans les scènes de rediffusion qui sont parfaitement amenées.
Un premier tome de Erased très convaincant donc, en espérant que la suite sera du même niveau !