Le vieux Gradlon continue de conter son histoire auprès du moine romain, et celle-ci n'est pas vraiment joyeuse. Gradlon raconte sa venue en Bretagne, et la guerre qui est sur le point d'éclater avec Claudas, le cruel seigneur de ces terres bretonnes. Gradlon est certain de n'en faire qu'une bouchée, d'autant que Claudas et sa cruauté ont plein d'ennemis en Bretagne. Mais Taranis, un dieu ancien, et ancien maître de Gradlon, demande à ce dernier d'épargner la vie de Claudas. A la grande déception d'Ahès, sa fille, Gradlon accepte et se faufile seul dans le camp militaire de Claudas, afin d'y rencontrer son ennemi et essayer d'éviter la guerre et des milliers de morts inutiles...
Mais Claudas n'est pas enclin à laisser filer son adversaire, alors qu'il est maintenant entouré de toute une armée hostile... Une lutte rapide s'engage, et Claudas a la vie sauve, mais la langue tranchée, incapable désormais de donner le moindre ordre à son armée. Gradlon, seul, est parvenu à gagner une guerre et à devenir légitime sur ces terres. Il ne peut maintenant que se rallier au sentiment de sa fille, Ahès, qui souhaite investir Ys, la cité blanche.
C'est en parvenant à vaincre Galeann, la vieille propriétaire des lieux, qu'Ahès en devient la gérante, tandis que son père vaque à des occupations un peu plus loin en Bretagne. La jeunesse d'Ahès se passe ainsi sous le poids des responsabilités, mais cela ne l'empêche pas de rencontrer Bran, un garçon de son âge qui l'aide à s'évader, en de rares occasions, dans des préoccupations d'enfants. Peu à peu, les deux êtres grandissent, et un amour sincère grandit en Bran, qui n'est pas partagé par Ahès...
Cette dernière, une guerrière très puissante, s'est toujours juré d'épouser l'homme qui parviendra à la battre en combat singulier. Jusque là, aucun prince ou aucun guerrier n'a réussi cet exploit, et Bran garde l'espoir, durant des années, alors même qu'Ahès a été très claire avec lui. Et d'ici à ce que l'amour se transforme en haine, il n'y a souvent qu'un mince filet...
Ys, la légende est une série de la collection Soleil Celtic, scénarisée ici par le directeur de la collection, Jean-Luc Istin, le père de Merlin. La série voit son terme arriver avec ce troisième tome, qui est toujours dessiné par Dejan Nenadov. La patte d'Istin est bien là, avec un rythme excellent et des dialogues savoureux : la lisibilité est bien là et le lecteur n'aura aucun mal à suivre les scènes qui s'enchaînent de manière fluide et efficace.
Du côté des dessins, Dejan Nenadov le dit lui-même, il s'est fortement inspiré du Conan de John Buscema pour son personnage de Gradlon jeune. Et lorsqu'on connaît le personnage en question, on ne peut qu'approuver, notamment dans les scènes de combat à l'épée, ou dans les poses d'un homme seul, vainqueur, debout sur les dizaines de corps d'hommes qu'il a massacrés ! Un dessin et des silhouettes parfaitement réussis en tout cas, tout en nous rappelant à d'excellents souvenirs de combats enragés.
Certaines planches sont sombres, voire glauques, tout en servant parfaitement le récit d'Istin.
Ys, la légende laissera le goût d'un triptyque franchement réussi et agréable, qu'il sera même bon de lire et relire en fonction des envies et des humeurs, histoire de changer un peu de Merlin, même si on peut y découvrir les origines d'Ahès !