Les Chroniques de l'Imaginaire

Niceville (Niceville - 1) - Stroud, Carsten

Ce polar est très déroutant et ne ressemble pas du tout aux classiques du genre. Il est à moitié polar et à moitié fantastique, nous sommes dans un univers proche de ceux de Stephen King ou John Connolly, mais en bien plus noir et glauque. L’action se situe dans le sud des USA, mais un sud mythique où tous les personnages ne sont pas de chair et de sang et où les rituels vaudou sont très présents.

C’est un roman vraiment très dense, avec une multitude de personnages et de récits secondaires, donc très difficile à résumer. On s’y perd au début, puis le puzzle se met en place peu à peu.

Niceville a été fondée autrefois par quatre familles qui ont fini par se haïr. Plusieurs générations après, leurs descendants perpétuent la tradition sans bien savoir pourquoi. Reaney Teague, un adolescent, regarde la vitrine d’un antiquaire et la seconde d’après il a disparu. D'ailleurs, la ville bat des records dans les disparitions. Il est retrouvé dans un endroit insolite. Un homme commet un massacre lors d’une course poursuite, un autre homme maltraite sa femme et sa fille, mais la justice le relaxe. Nick Kavanaugh, un policier, ancien des Forces spéciales, et sa femme Kate, une avocate issue d’une des familles fondatrices de la ville, décident de prendre ces enquêtes en main sans se douter de ce qui les attend. Des forces maléfiques sont à l’œuvre, certains policiers sont corrompus et organisent un braquage où ils n’hésitent pas à tuer leurs collègues arrivés sur place.

Carsten Stroud nous emmène dans un univers complexe et très noir avec une multitude de personnages et d’histoires imbriquées les unes dans les autres. Par moments, on s’y perd complètement, puis on retrouve le fil de l’intrigue, phénomène encore accentué par le fait qu’on ne sait pas toujours si on est dans le réel ou le fantastique, les personnages ne le sachant pas plus que nous bien souvent. Certains mystères s’éclaircissent peu à peu, mais il en reste encore beaucoup qui seront traités dans les deux autres volets de cette trilogie.

Les chapitres ont des titres plutôt mal choisis, car ils en disent trop sur ce qui va arriver dans le passage en question. Le texte est divisé en chapitres assez courts, amenant très souvent de nouveaux personnages, les rebondissements sont multiples. Toutefois la construction de ce roman semble par moment assez décousue, nous ne sommes pas dans une intrigue linéaire qui se dévore d’une traite. Malgré une certaine difficulté à appréhender l’ensemble de l’intrigue et à rentrer dans le livre, j’ai beaucoup aimé l’ambiance glauque, noire et fantastique. Et l’effort demandé au début pour apprécier ce polar atypique est finalement largement récompensé.