Nous sommes en Russie, ou plutôt totalement au fin fond des steppes désertiques de la Russie, dans les années 40. Un train, qui représente le seul lien avec la civilisation, arrive dans ce qui était un ancien camp de prisonniers, le camp portant le numéro 0049. L'endroit est totalement désertique et on n'y trouve nulle âme qui vive. Pourtant, l'homme qui descend aujourd'hui du train pour se rendre en ce lieu est un des plus connus de la Russie, puisqu'il s'agit, ni plus ni moins, de Staline en personne...
Staline se faisait appeler Koba, dans sa période de jeunesse militantiste, en référence à un célèbre héros russe. Et Staline a passé du temps ici, dans ce trou paumé et frigorifique, à cette époque. Actuellement, c'est une bien mystérieuse affaire qui l'amène ici. Une vieille toile qui le représente en compagnie de nombre de ses amis de l'époque est en train de changer, alors que personne n'y touche. Au contraire, un peintre est payé exprès pour empêcher que le phénomène n'évolue. Les personnages qui entourent Staline semblent disparaître les uns derrière les autres, ne laissant la place qu'au militantiste haï sur une bonne partie de la planète.
Cet endroit n'est pas si désert que cela, car on peut y croiser, notamment la nuit tombée, des êtres étranges, d'une grande beauté, avec d'étranges tatouages qu'ils arborent sur des corps totalement nus. Les êtres en question ne craignent absolument pas le froid et, d'après leurs agissements, ils ont tout simplement tout des vampires que l'on connaît dans l'imaginaire collectif. Pour autant, le terme ne sera jamais abordé ici, mais nul doute que la présence de ces êtres et la toile qui évolue mystérieusement ont un rapport...
Avant tout, ce livre est l'occasion d'admirer le superbe travail graphique de Régit Penet, épaulé aux couleurs par Nicolas Bastide, un des dessinateurs de La guerre des Sambre (le cycle de Hugo et Iris). De ce point de vue là, ce one-shot qui se déroule intégralement en Russie est une franche réussite. Les visages et les lumières sont magnifiques, le souci du détail est constant, et les corps féminins, absolument magnifiques et dans des poses recherchées, ne sont pas sans rappeler les dessins du même dessinateur dans les trois mémorables tomes de la série Les nuits écorchées, parue il y a quelques années aux éditions Daniel Maghen.
Au niveau du scénario, là encore, on retrouve le prolifique Jean Dufaux, qui mêle ici deux univers, entre de l'Histoire (tout de même reléguée au second plan, malgré la présence de Staline) et un univers plus vampirique. L'ensemble, assez onirique, n'est pas sans rappeler le récent Thérèse Dragon, autre one-shot mêlant de la mythologie avec des champs de bataille napoléoniens. L'ouvrage se retrouve donc bringuebalé entre ces deux univers, et force est de constater qu'il semble se chercher, sans jamais véritablement se trouver ou convaincre.
Personnellement, j'ai eu du mal à entrer dans cette histoire, où les êtres de la nuit semblent incarner le côté sombre de Staline...
Une vision étonnante en tout cas, à laquelle on pourra tout de même accrocher. En tout cas, les dessins méritent que l'on s'y essaye vraiment ! De mon côté, je tenterai une nouvelle relecture, que diable...