Les Chroniques de l'Imaginaire

La mort aux quatre visages (Campus Stellae - 4) - Saint-Dizier, Pierre-Roland & Mutti, Andrea

Nous sommes à Bourges, en hiver 1348, en pleine épidémie de peste bubonique. Grégoire, un homme d'âge mûr et au passé mystérieux, s'apprête à quitter les lieux, non sans saluer une dernière fois son frère, atteint de la terrible maladie. Mais avant de quitter l'endroit, il assiste à une réunion des notables de Bourges et ne peut s'opposer à une terrible décision. Le quartier des bouchers, où les malades sont les plus nombreux, devrait être brûlé. Quelques innocents seront sacrifiés certes, mais cela pourra sauver beaucoup d'autres personnes.
Alors, Grégoire finit par faire ses adieux à son frère et à quitter Bourges, non sans se laisser entendre dire qu'au prieuré de la Charité, un moine savant aurait réussi à trouver un remède contre la peste... Une information capitale pour Grégoire, qui quitte Bourges en se jurant d'y revenir avec ce remède, au plus tôt.

Mais une fois sur les lieux, la déception de Grégoire est bien grande. Le moine en question est mort depuis bien longtemps, en essayant de travailler sur le remède en question, et il en est de même pour la quasi-totalité des moines du prieuré. Refusant d'abandonner tout espoir, Grégoire s'empare du manuscrit, décidé à se rendre à Compostelle afin d'y implorer l'aide de Saint-Jacques. Pour cette dernière partie du voyage, Grégoire ne sera pas seul, mais accompagné d'une dame rencontrée dans une léproserie...

Ce quatrième tome de Campus Stellae est aussi l'occasion d'en savoir plus sur les origines de Grégoire. L'homme n'en a pas forcément l'air avec son âge avancé, mais il s'agit bien d'un ancien chevalier, que l'on voit sept années plus tôt, engoncé avec son roi dans le siège de la ville de Nantes par les Français. Le livre est aussi l'occasion d'en savoir un peu plus sur le pèlerinage de Compostelle, qui voit encore aujourd'hui des milliers de personnes marcher, en partageant des valeurs humaines fondamentales.

Le rythme de ce récit est bon et n'est pas sans servir le traditionnel flashback qui dévoile bien des choses en fin de tome. Du côté des dessins, on retrouve avec plaisir la grande finesse des traits d'Andrea Mutti, dans un style bien différent de ce qu'on a pu voir dans le récent Le fils de la perdition. De quoi montrer au passage la polyvalence de cet artiste. Les visages, d'une grande finesse donc, ont des expressions soignées, crédibles, presque lumineuses sur certaines cases ! De quoi les rendre attachants, et plonger le lecteur au cœur de l'histoire qui est contée ici.

Un tome complet et réussi, qui comblera surtout les afficionados du chemin de Compostelle. Les amateurs d'Histoire pourront également y prêter attention, même si l'Histoire définit plus un contexte, plutôt que la trame principale de ce récit.