Kinjiro Yaoi n'est pas vraiment ce qu'on peut appeler un enfant de chur. Bien loin de là, d'ailleurs... Il serait plutôt du genre violent, craint de tous, avec une réputation bouillonnante. C'est simple : Kinjiro ne supporte absolument pas que l'on se moque de lui, et en cela, il n'a en fait aucun sens de l'humour, persuadé que le rire sous-entend forcément de la moquerie envers quelqu'un. A l'opposé de Kinjaro, il y a Kuriko, son amie d'enfance. Kuriko, elle, dispose d'un excellent sens de l'humour, en étant même fan de tous les spectacles comiques qui ne manquent pas d'avoir lieu dans la sphère du lycée.
Mais un jour, alors que Kinjiro a préféré laisser rentrer Kuriko seule pour aller se bastonner avec d'autres gros durs, celle-ci est agressée par deux adolescents. Kuriko est, depuis cette épreuve, cloîtrée dans sa chambre, sans aucune force pour affronter de nouveau le monde extérieur. Kinjiro, rongé par les remords, rend une visite quotidienne à Kuriko, qui reste dans son mutisme. Alors, Kinjiro a une idée lumineuse : il va devenir lui même humoriste, afin de réussir à rendre le sourire à son amie de toujours.
Mais entre vouloir et pouvoir, il y a tout un monde, surtout pour Kinjiro, qui est craint de tous, y compris des humoristes qui pourraient justement l'aider. Il souhaite bien prendre des cours dans le club humoriste des environs, mais il est rapidement découragé par Morinaga, le chef du club de comédie, qui lui prouve qu'il n'a absolument aucun talent, ni aucun humour.
Kinjiro est en colère, certes, mais il doit bien se rendre à l'évidence et reconnaître que Morinaga n'a pas tout à fait tort. Mais le salut va arriver par hasard pour Kinjiro, qui va vite savoir quelle personne se cache derrière un des comiques les plus en vue du moment, Spaghetti Arrabbiata, qui fait un malheur à la radio, sans que personne ne sache de qui il s'agit physiquement...
Ce premier tome de Kid I Luck ! (qui sera une trilogie) est l'occasion de faire connaissance avec un personnage violent, qui va devoir changer du tout au tout au fil du récit, en se confrontant à l'humour des autres, un champ de bataille bien loin de ses habitudes donc. Yuko Osada parvient en cela à rendre ce personnage plutôt attachant, grâce notamment à sa relation avec Kuriko, une personne d'une grande faiblesse morale, que le lecteur aura naturellement envie d'aider.
L'humour ne manque pas dans ce premier tome, qui est l'occasion de délicieuses joutes humoristiques. Kinjiro est nul au départ dans ce domaine, mais il faut reconnaître que son personnage ne manque pas d'originalité, y compris dans les répliques qu'il donne, pour le moins inattendues. Les personnages sont tous réussis et attachants dans l'ensemble, et Yuko Osada parvient ainsi à nous faire vivre une histoire qui ne manque pas d'intérêt. J'attends la confirmation de cette bonne découverte, dès le tome suivant !