Catherine Dufour, auteur polyvalente, nous a habitués à la surprise. De sa série délirante Quand les dieux buvaient à ses romans d'anticipation, en passant par l'Histoire de France pour ceux qui n'aiment pas ça et son Guide des métiers pour les petites filles qui ne veulent pas finir princesses, les ouvrages se succèdent et ne se ressemblent pas, si ce n'est en qualité et en verve.
Aujourd'hui, c'est avec un joli petit livre analysant la pièce Lorenzaccio, de Musset, qu'elle nous gâte.
Deux euros cinquante pour parler de sexe, de violence et de trahison, c'est pas beau, la vie ?
Car cette pièce de Musset, librement adaptée à partir de faits réels - et de la vie non moins réelle du jeune Lorenzo de Médicis, dans la Florence du XVIème siècle, traite avant tout certes de sa tentative de meurtre contre son cousin, le duc Alexandre de Médicis, qui règne sur Florence en tyran, mais surtout de la vie sexuelle débridée et des appétits charnels irrépressibles de ce jeune homme qui incarne le désir de jouissance de cette époque.
Lorenzo n'est pas un seul homme. Affublé d'un suffixe exprimant le mépris que les gens éprouvent pour lui, il est à la fois un fils qui fait le désespoir de sa mère - laquelle mourra immédiatement à la fin de l'histoire tandis qu'elle survit quelques années dans la réalité -, un intrigant politique désireux de libérer sa ville du joug d'un despote, mais aussi un jeune homme déchiré entre ses ambitions, ses aspirations et son impuissance - politique, je vous rassure.
Avec verve, digressions et humour, Catherine Dufour nous promène dans cette pièce pour nous éclairer sur certains passages un peu obscurs - du moins à mes yeux - et nous propose d'autres regards sur cette uvre qui symbolise totalement Musset.
Lorenzaccio, ce sont les deux visages de Florence : la ville de lumière qui incarne la douceur de vivre, mais également une cité sordide où les plus vils appétits s'affrontent. Grâce à cet ouvrage, on se coule avec jouissance sur les pas de Lorenzaccio pour le suivre dans ses frasques et ses tourments, avec une ironie douce-amère qui ne dissimule pas entièrement le drame qui se joue dans la pièce et le malaise que l'on ressent à sa lecture.