Nous sommes en Bretagne, dans la faille de Carduel, au jour de la prophétie. Merlin, qui est devenu un prophète vieillissant, est accompagné du jeune Arthur, pour une rencontre avec l'ensemble des rois bretons. Ces derniers sont nombreux, mais peu d'entre eux osent s'avancer dans la lumière. On y distingue une épée, plantée solidement dans un rocher. L'épée en question n'est autre qu'Excalibur, et on dit que l'homme qui sera capable de s'en emparer sera le seul digne de réunir l'ensemble des rois bretons.
Alors, le jeune Arthur s'avance dans la foule, alors que le roi Urien vient d'échouer à cette épreuve. Personne ne connaît le jeune homme qui ose se proposer pour l'épreuve, sous les moqueries. Mais bientôt, sous un tonnerre grondant, Excalibur se retrouve dans la main d'Arthur, qui peut maintenant dévoiler son identité : il n'est autre qu'Arthur Pendragon, le fils de dame Ygraine et de l'ancien roi Uther Pendragon. Aussitôt, tous les rois se prosternent devant Arthur, à l'exception d'Urien, qui n'a aucune confiance en Arthur.
Bien loin de là, nous retrouvons Morgane, qui est encore possédée par un hôte, qui n'est autre qu'Ahès, l'ancienne déesse de l'ancienne religion. Ahès promet à Morgane qu'elle va bientôt quitter son corps, mais qu'il faut pour cela qu'elle prenne le contrôle de Morgane pendant plusieurs jours. Morgane accepte, entrant dans un sommeil lourd le temps qu'Ahès se trouve un autre corps, parfait, entièrement dévoué à sa cause...
Ce onzième tome de Merlin, qui paraît bien longtemps (cinq ans) après la sortie du tome 10, démarre en fait un cycle totalement différent, qui verra lavènement et le règne du roi Arthur. Nous sommes donc bien loin ici du cycle initiatique, étant donné même que les événements narrés dans Merlin, le prophète se passent entre la fin du tome 10 et ce présent tome. Une fois cet état de fait établi, nous pouvons sereinement reprendre les débats sur ce nouveau cycle, donc.
On retrouve ici toujours Jean-Luc Istin au scénario, et quel plaisir également de revoir sur cette série les dessins d'Eric Lambert, le premier dessinateur, même si un dessinateur comme Nicolas Demare a été lui aussi d'un grand talent, dans Merlin, La quête de l'épée. Ici, la nouveauté est au niveau des story-boards, qui ont été réalisés par Christian Paty. Cela nous donne des scènes grandioses, souvent en pleine page, voire en double page, qui mettent parfaitement et magnifiquement en valeur les dessins d'une grande finesse d'Eric Lambert. Les cadrages sont réussis et ont permis au dessinateur de faire montre une nouvelle fois de tout son talent.
Il faut noter également que les couleurs, réalisées par Sandrine Cordurié et les studios Digikore, sont elles aussi parfaitement travaillées, allant jusqu'à donner un côté véritablement spectaculaire dans certains jeux de lumières et dans certains cieux qui sont bluffants de réalisme, notamment sur les très grandes cases. Le découpage de ces dernières est un des meilleurs vus dans un album de Merlin, et aide à s'approprier et à s'immerger parfaitement dans ce récit.
Un excellent démarrage en tout cas pour ce nouveau cycle, et qui est bien de la qualité promise par la très belle couverture : tout l'album est à l'avenant, et il nous tarde déjà de découvrir la suite, avec les futures interventions d'Ahès notamment !