Mansfield Park n'est probablement pas le roman à faire lire en premier à quelqu'un qui ne connait pas encore Jane Austen. Il est en effet assez différent du célèbre Orgueil et Préjugés, ainsi que de Emma ou Raisons et Sentiments, les trois romans les plus connus de l'auteure.
Il est en effet plus sérieux, moins drôle, moins enjoué. Pour les fans, dont je fais partie, ce roman est à la fois différent et en même temps bien dans le ton "austenien" et je l'ai savouré avec autant de plaisir que tout autre roman de Jane Austen.
Mansfield Park raconte l'histoire de Fanny Price, jeune fille née dans une famille nombreuse, et hélas, pauvre. La sur de sa mère décide, dans sa grande bonté d'âme, de proposer à leur troisième sur, Lady Bertram, épouse d'un riche Sir Thomas, d'accueillir dans leur demeure, dénommée Mansfield, une des enfants de leur pauvre sur afin de la soulager.
Leur choix se porte sur Fanny, fillette douce, calme et effacée, d'une dizaine d'années. Fanny est donc envoyée, telle un colis, à plus de quatre cent lieues de chez elle et de sa famille qu'elle ne reverra plus avant de longues années.
Fanny grandit, entourée de ses cousins et cousines, dans un désintérêt presque complet de la part de sa nouvelle famille. Son caractère effacé ne lui permet pas de s'imposer, elle subit plus qu'elle ne vit, mais cela semble tout à fait lui convenir. Bien sûr, cela ne va pas durer. Il y aura des sentiments, des amours déclarés, et d'autres tus, des rebondissements, des scandales, comme dans tous les romans de Jane Austen.
Ce roman peut paraître moins attrayant que ceux cités précédemment, car Fanny est une jeune fille sans caractère, un peu mollassonne. On est bien loin d'Emma ou d'Elisabeth Bennett avec leur vivacité, leurs réparties, leur personnalité si attachante.
Mais on se laisse vite prendre au charme discret de Fanny, grâce surtout à tous les autres personnages qui gravitent autour d'elle. On retrouve dans la tante Norris un personnage comme Jane Austen les affectionne : méchante, hypocrite et dont la seule préoccupation est son intérêt personnel, tout en donnant l'impression d'être une véritable sainte. Les jeunes gens sont, comme toujours, amoureux, étourdis, trop sérieux ou pas assez.
Jane Austen excelle encore dans ce roman à dépeindre une atmosphère, une ambiance, ainsi que les sentiments de ses personnages, et tout cela avec des expressions de son siècle et une écriture très soignée. Lorsqu'elle décrit le retour de Fanny dans sa famille bruyante et désordonnée, on a presque envie de se boucher les oreilles tant le vacarme est assourdissant.
Une fin comme toujours prévisible mais pleine de bon sens et de moralité.
Un vrai bon moment de lecture, mais on ne pouvait s'attendre à moins de la part de Jane Austen !