C'est toujours un plaisir de retrouver cette revue littéraire. Ce numéro ne déroge pas à la règle avec quelques excellentes nouvelles et des articles toujours passionnants.
Les nouvelles sont les suivantes :
Panne de Mathieu Croisetière : Cette nouvelle a gagné le prix Alibis 2014.
Caroline, jeune étudiante, part en voiture retrouver son amant, le professeur qui l'a lâchement quittée par mail. Elle veut avoir une conversation avec lui et tant pis si elle le dérange chez sa femme et lui. Mais elle se perd et tombe en panne d'essence dans un bois. Bien sûr, pas de réseau, impossible de joindre quelqu'un. Elle décide de partir à pied. Elle trouve enfin une habitation mais le propriétaire semble étrange et ne lui inspire pas confiance. Elle essaie de surmonter son appréhension et lui demande de l'aide. Mais elle aurait dû écouter son instinct...
Histoire très agréable à lire, assez oppressante, on ressent bien l'horreur de la jeune fille devant cet homme singulier.
Des cercles rouge sang de Rick Mofina : Un flic, un ado rebelle, des coups de feu échangés, des morts...
Belle histoire à la fin poignante mais que l'on devine rapidement.
Bridgestone 301.0 de Raphaëlle B. Adam : Une jeune femme découvre un matin deux pneus crevés à sa voiture. Cela n'est pas un accident. Elle se sent persécutée et va commettre un acte irrémédiable dû à sa paranoïa.
Histoire efficace, à l'écriture maîtrisée, qui fait quand même un peu froid dans le dos !
Maman fait dodo de Katy Boyer-Gaboriault : C'est la première fois que cette auteure publie dans la revue Alibis, et c'est réussi. Même si l'histoire n'est pas vraiment originale (hormis une fin assez percutante), elle est très bien racontée et très agréable à lire.
L'histoire raconte le réveil brutal d'un enfant de quatre ans dont la mère, droguée, dort toujours, malgré les pleurs incessants de sa petite sur de six mois.
On sait bien que la mère est morte, mais on ne sait pas encore comment l'enfant va réagir...
Efficace !
Sale argent sale de Camille Bouchard : Cette longue nouvelle est celle que j'ai préférée dans ce numéro d'Alibis.
Elle raconte l'histoire de deux jumelles, monozygotes, donc inséparables, qui vont se retrouver à exercer un métier bien étrange : compteuses de billets pour un truand. Enfermées dans leur appartement new-yorkais, elles comptent, trient, nettoient les billets sales et froissés. Sous étroite surveillance, elles obéissent à des règles strictes imposées par Don Mauro, dangereux trafiquant et chef de gang. Mais cela leur convient, elles sont ensemble, et l'argent qu'elles gagnent permet à leur famille restée au pays de mener une vie enfin décente. Mais manipuler des millions chaque jour sans broncher n'est pas à la portée de tout le monde. Trahisons, tueries, tout va s'enchainer dans un final sanglant.
C'est une histoire vivante, superbement racontée, au rythme soutenu et qui, malgré sa longueur, ne nous ennuie pas un instant.
Les articles :
Le polar au féminin de Martine Latulippe
Martine Latulippe, co-directrice de la revue Alibis, a interviewé plusieurs femmes québécoises auteures de romans policiers.
Comme toujours dans cette revue, les échanges entre intervieweurs et interviewé(e)s sont très agréables à lire, les questions sont pertinentes, les réponses intéressantes, il n'y a jamais de longueurs, de répétitions.
Illustré par des photos couleur des auteures et de leurs romans, cet article donne un bel aperçu du microcosme féminin dans le monde du roman policier québécois.
Café littéraire avec François Lévesque de Simon Roy
Que dire de plus que je n'ai déjà dit au sujet des interviews menés dans la revue ?
Passionnant, agréable à lire, on a l'impression d'assister en personne à la conversation, voire d'y participer. Un vrai régal ! Et cela permet de découvrir plusieurs facettes de l'auteur.
Les rubriques habituelles :
Camera Oscura : l'excellent Christian Sauvé traite cette fois des acteurs, et de leur "persona". Comme toujours, j'adore !
Le crime en vitrine : une ou deux phrases pour résumer les nombreux romans policiers sortis au cours du trimestre.
Dans la ligne de mire : quelques romans sélectionnés et dont la critique est plus détaillée, que le journaliste ait aimé ou pas. Toujours intéressant.
Encore un très bon cru !
