Les Chroniques de l'Imaginaire

Le tirailleur - Bujak, Alain & Macola, Piero & Macola, Piero

Dans un appartement social, un vieil homme se raconte. D'après l'armée, il a quatre-vingt-six ans, mais au Maroc, là où il est né, il n'y a pas de date d'anniversaire dans les montagnes. Avec pudeur, nostalgie et tristesse, il se livre.

Il raconte son engagement dans l'armée à dix-sept ans quand il est parti pour se battre pour la France quand elle avait besoin de tous ses enfants. La Seconde Guerre Mondiale faisait rage partout et les renforts se faisaient attendre.

Que dire de cette BD qui ne trahirait pas ce que je pense vraiment ? C'est bien la première fois que les mots me manquent pour parler avec précision de ce bijou. Ce témoignage se lit avec plein de tristesse et de mélancolie et ce qui ressort le plus des paroles de ce tirailleur, c'est un récit rempli de pudeur et de modestie.
C'est bien la modestie qui prime et qui se fait ressentir dans les dessins, exactement à l'image d'Abdelssam, un trait sobre sans fioritures inutiles. Mais pourtant un trait d'une grandeur et d'une profondeur absolument touchantes. L'image, les mots, le scénario se mélangent pour donner une dimension humaine à un drame peu connu, celui de la rétribution des soldats de cette guerre et des pensions que l’État aurait dû leur verser. Et avec ce témoignage, c'est l'Histoire qui vole en éclats. Comment oublier, avec cette œuvre, le sort des soldats tombés pour la France.

J'ai un profond intérêt pour cette période de l'histoire mais quand l'Histoire prend visage humain et vous offre un tel récit, un tel témoignage, vous ne pouvez pas passer à côté.

Enfin il faut féliciter Futuropolis qui encore une fois nous gâte et qui s'impose, subjectivement, comme une maison d'édition innovante et prenant le plus de risque dans sa ligne éditoriale.

Bref, je suis ému comme rarement.