Les Chroniques de l'Imaginaire

Que la lumière soit... (Urban - 3) - Brunschwig, Luc & Ricci, Roberto

Rien ne va plus à Monplaisir depuis une explosion qui vient de coûter la vie à de nombreuses personnes, sous les yeux impuissants de Zach. Ce dernier a encore dans les bras le cadavre du jeune Colson, qui vient d'être abattu froidement d'une balle dans la tête. Une balle qui était destinée à Zach... A présent, même Springy Fool est au plus bas. Alice, son système d'information, a pris du plomb dans l'aile, toute la cité est plongée dans l'obscurité, et les actionnaires du plus grand parc d'attractions de l'univers sont sur le dos de son créateur...

De son côté, Zach ne parvient pas à remonter la pente. C'est l'occasion pour lui de retourner dans son passé, notamment au moment où il annonce à ses parents fermiers qu'il va devenir un Urban Interceptor, résistant à la colère noire de son père qui le voyait forcément reprendre l'exploitation. Les choses ont bien changé, et Zach redoute le moment où il va devoir affronter le regard de la mère Colson. Zach ouvre de plus en plus les yeux sur les réalités de ce parc, même s'il devient une véritable star auprès des vacanciers de Monplaisir.

Mais Zach ne sait rien non plus de ce qui se trame dans l'exploitation de ses parents. La coupure de courant les a affectés aussi, mais c'est durant les réparations que le drame se déclenche. Les robots réparateurs, semblant devenir totalement fous, viennent d'assassiner les parents de Zach, sous les yeux de Julia, sa sœur. Celle-ci parvient à échapper à la folie meurtrière robotique, mais pour combien de temps encore, maintenant ?

Ce troisième tome d'Urban nous immerge totalement dans ce monde imaginé par Luc Brunschwig. Plus encore que les précédents, avec tous les côtés glauques qui surgissent de partout, sans qu'on les voie venir ! On se doute bien que tout ne sera pas rose dans ce monde, mais là, on atteint des profondeurs hallucinantes, y compris dans les rares relations que Springy Fool peut entretenir avec la gente féminine, personnalisée ici par la prostituée que Zach avait rencontrée dans le tout premier tome de cette série.

Ce qui frappe ici, encore une fois, et à un niveau encore supérieur par rapport aux tomes précédents, c'est la noirceur absolue, un scénario tentaculaire, travaillé aux petits oignons, qui tisse ses toiles et nous emprisonne sans que l'on ne voie rien venir. Urban est une série franchement excellente, à côté de laquelle il est impensable de passer, ne serait-ce que par le scénario de l'auteur de Le Pouvoir des Innocents, Le sourire du clown ou encore La mémoire dans les poches... Des séries tout autant excellentes, bien que totalement différentes les unes des autres, ce qui montre l'étendue du talent de ce scénariste.

Au niveau des dessins, là encore, Roberto Ricci nous régale visuellement. C'est sombre, parfaitement adapté à l'ambiance. Les personnages ont tantôt des regards empreints de folie, tantôt des expressions lumineuses, ou au contraire totalement tristes. On sent qu'il est impossible pour les vacanciers de Monplaisir de prendre du plaisir ici, et pourtant ils y viennent par millions, de partout, tous les jours de l'année. Les couleurs et les lumières sont à l'avenant, pour notre plus grand plaisir visuel, là encore.

Non vraiment, il est impensable de passer à côté de cette nouvelle production signée Luc Brunschwig et Roberto Ricci. Je n'ai qu'un mot à dire : vivement la suite !