Les Chroniques de l'Imaginaire

Les Pousse-pierres (Torino - 1) - Duval, Arnaud

Alors que le Pearl, un tout petit vaisseau familial de prospection, navigue aux alentours de Jupiter, une avarie moteur majeure se produit. Maureen O’Garret, qui effectuait une sortie dans l’espace, assiste impuissante à la destruction de son vaisseau. Elle-même est récupérée de justesse par un cargo qui la prend à son bord. Son sauvetage d’urgence a cependant provoqué de sérieux dégâts sur l’Améthyste et l’accueil réservé à la jeune orpheline est particulièrement froid.
Bien loin de là, Richard Trévise n’a jamais quitté notre bonne vieille Terre. Les conflits larvés entre les corporations terriennes et les Spatieux ne le touchent guère, non plus que le manque de liberté des habitants de sa planète natale. L’adolescent s’intéresse plus à la musique, à ses copains… Il ignore que ses parents n’attendent qu’une occasion pour s’enfuir.

La Pousse-pierre et le Pied-lourd n’auraient jamais dû se rencontrer. Par la force des choses, ils vont se retrouver au cœur d’événements qui les dépassent. En effet, c’est le moment choisi par un consortium des corporations terriennes pour essayer de mettre un terme aux restrictions que leur impose la station orbitale Eloane, par la manière forte…

Dans ce space-opera qui se passe en 2170, trois forces se font face dans le système solaire : la Terre avec ses toutes-puissantes corporations, ayant un accès limité à l’espace ; Eloane, véritable cité de l’espace, qui contrôle tous les échanges du système solaire, empêchant notamment la Terre d’accéder directement aux ressources minières de la ceinture d’astéroïdes ; et les Spatieux, prospecteurs et convoyeurs spatiaux qui vivent sur des vaisseaux familiaux sans véritable organisation centrale.

J’avoue qu’en découvrant cet ouvrage, je pensais beaucoup au roman Temps fort de C.J. Cherryh : on y trouve un contexte global complexe impliquant des différents entre diverses puissances aux intérêts divergents, n’hésitant pas à user de la manière forte pour parvenir à ses buts si la politique ne suffit pas, le tout sur fond de conquête du système solaire. Si on ajoute l’accident de vaisseau initial dont on devine vite qu’il n’a rien d’accidentel, les points communs sont en effet nombreux.
Les Pousse-pierres est cependant un roman plus facile à appréhender, et pour cause : même si rien ne transparaît sur la couverture, il s’agit d’un roman destiné à un public young adult. Les personnages sont nombreux, mais les plus importants – Maureen et Richard – sont deux adolescents. Ils sont courageux, mais ont aussi des défauts liés à leur âge qui donnent parfois envie de leur donner quelques gifles : la fierté excessive de Maureen l’empêche de s’intégrer dans son nouvel équipage, tandis que la rébellion anti-parentale de Richard ne lui fait pas apprécier à sa juste valeur les efforts produits pour leur évasion. Sans parler de leur petite équipée en solitaire, bêtise qui semble quand même inimaginable.

Le dépaysement est au rendez-vous. Le mode de vie dans l’espace, l’agencement des vaisseaux spatiaux ou de la station orbitale, tous ces détails omniprésents quoique sans lourdeur permettent de bien plonger dans cette histoire futuriste. Même le vocabulaire est adapté, avec quelques expressions du siècle prochain fort bien trouvées. Comme en plus le rythme est enlevé et que l’on ne s’ennuie jamais, c’est vraiment une lecture agréable que l’on dévore en un clin d’œil.

A noter que le sous-titre de l’ouvrage, L’héritage de Torino, me reste encore assez obscur. Peut-être est-ce à mettre en rapport avec le prochain livre d’Arnaud Duval dans cet univers, intitulé Les ombres de Torino, dont la parution est prévue le mois prochain. On devrait y retrouver certains personnages quelques temps après, même s’il s’agit de deux romans autonomes.

Si vous rêvez d’aventures dans l’espace, n’hésitez pas, vous passerez un agréable moment avec ce joli petit roman.