Les Chroniques de l'Imaginaire

Ad Astra (Ad Astra - 1) - Kagano, Mihachi

Nous sommes en 241 avant J.C.. L'armée romaine fait une nouvelle fois preuve de sa domination, notamment sur les mers, en donnant une véritable leçon à la flotte carthaginoise. Cela se passe sous les yeux d'Hamilcar Barca, le commandant de l'armée carthaginoise en Sicile. La défaite est amère, mais elle aura au moins le mérite de révéler la puissance d'analyse du fils d'Hamilcar, un jeune garçon de six ans à peine, au regard dénué de sentiment. Un jeune garçon nommé Hannibal...

Depuis sa naissance, Hannibal aura marqué les esprits par cette absence marquée de sentiment. L'enfant sait ce que le bonheur ou la tristesse signifient, mais il donne vraiment l'impression à tous, y compris ses propres parents, de ne les avoir encore jamais connus. A présent, il va grandir dans une Carthage qui est obligée de ployer devant la puissance de Rome.
Et la vieille ville en profite ! Les sénateurs romains n'ont de cesse d'humilier les commandants de Carthage, et cela ne cesse de fonctionner que le jour où le tout jeune Hannibal ose défier le consul Caudinus, en allant jusqu'à grimper sur son bureau afin de le regarder de haut. Le consul n'a pas d'autre solution que de laisser le jeune garçon en vie, invoquant la folie qu'il a vue dans ses yeux, qui sont donc capables de sentiments humains.

C'est quelques années plus tard que Carthage se met à défier Rome... Bien évidemment, il est impensable que les Carthaginois arrivent à Rome en passant par la Méditerranée, la flotte romaine étant bien trop puissante. Les troupes romaines, Publius Cornelius Scipion en tête, en sont même maintenant à se demander par où passera l'armée menée à présent par Hannibal Barca. Les Romains attendent les Carthaginois aux alentours de Massilia, mais après quelques semaines d'attente et aucun soldat à l'horizon, c'est le jeune Scipion qui a l'idée qu'éventuellement, l'armée d'Hannibal pourrait être passée par les Alpes pour contourner Massilia. Une théorie apparemment loufoque, accueillie avec des risées et des moqueries. Et pourtant...

Ce premier tome de la série Ad Astra a tout du manga historique réussi, à la manière d'une série comme Cesare, qui paraît d'ailleurs chez le même éditeur. Sur ce premier tome, l'accent est surtout mis sur deux hommes qui sont décrits comme deux fins stratèges : Hannibal d'un côté et le jeune Scipion de l'autre. Ce dernier est encore pour le moment dans l'ombre de son père, commandant des armées, mais cela ne saurait sans doute durer tout au long de cette série...

L'intérêt historique est évident, et c'est avec une vraie curiosité et un profond attachement pour les personnages que le lecteur finira par parcourir ce premier tome haletant, sans se rendre compte des pages qui défilent, toutes avec un intérêt certain. Les dessins de Mihachi Kagano sont réussis, toujours très fins, comme souvent dans ce genre de seinen historique. Les expressions sont soignées, les scènes de guerre sont empreintes d'un mouvement certain qui nous plonge au cœur de l'action, rendant ce premier tome totalement captivant.

Une série qui démarre sur les chapeaux de roue, et dont on ne peut qu'attendre la suite avec une impatience non feinte !