Le mariage de Marion et Art, un couple d'Américains âgé d'une cinquantaine d'années, touche à sa fin. Leur complicité dantan a été mise à rude épreuve par les tromperies et les trahisons, les enfants ont pris leur envol, et la maison dans laquelle ils ont tant investi est sur le point d'être saisie. A la veille de leur divorce, ils tentent pourtant le tout pour le tout : passer le week-end sur les lieux de leur lune de miel - aux Chutes du Niagara - et jouer à la roulette tout ce qu'ils pourront tirer de leurs cartes de crédit. Tandis qu'Art semble espérer qu'une bonne fortune au jeu pourrait influencer l'avenir de leurs amours, Marion, désabusée, n'attend plus grand chose de son futur ex-époux.
Stewart O'Nan nous invite à entrer dans ce fascinant huis-clos et à observer ce mariage qui se délite. L'amour est toujours là mais n'a pas survécu aux épreuves de l'existence, ni à celles que Marion et Art se sont imposées. Dans Les joueurs, on entre tantôt dans l'esprit de Art, tantôt dans les pensées de Marion, et on peut se rendre compte que malgré l'amour qui les lie encore, leurs griefs l'un contre l'autre les rendent irréconciliables.
Stewart O'Nan, que j'avais découvert et adoré avec son roman Speed Queen (Points, 2010), fait montre une fois encore de son talent pour conter les bonheurs et les désillusions de la vie de couple, et pour les mettre en parallèle avec le côté faussé et factice du rêve américain.
Un bijou de finesse et de causticité à consommer sans modération.