Paige travaille pour le crime organisé à Londres sous les ordres de Jaxon, un des seigneurs-mimes de Londres. Sa capacité en fait quelqu'un d'unique et d'à part dans ce monde futuriste où certains clairvoyants sont très convoités du fait de leur compétence rare. C'est d'ailleurs le cas de Paige, qui a toujours dû camoufler son affinité avec l'éther auprès des autres pour éviter d'être tuée, surtout dans ce Londres peu accueillant où la société traque les gens comme elle. Car Paige s'infiltre dans le cerveau des gens pour récupérer des informations qu'elle transmet ensuite à son seigneur-mime (chef de gang). Mais lors d'une mission, elle tue par inadvertance un humain et en blesse un second. Dès lors, elle se retrouve envoyée dans une prison pour clairvoyants où la vie ne ressemble en rien à ce qu'elle a connu. Et lorsqu'elle devient l'esclave du gouverneur, Paige va se rendre compte que ses capacités vont au-delà de ce qu'elle imaginait...
Bone season, c'est un bijou à l'état pur. Tout m'a plu, tout m'a subjuguée, de l'écriture à l'histoire, en passant par les personnages. Samantha Shannon nous propose une dystopie originale et très difficile. Très peu de beaux moments sont à découvrir dans ce monde où la survie prime. Un futur violent, un peu raciste puisqu'on rejette les clairvoyants qui ont le malheur de naître avec des affinités avec l'éther. L'auteur propose de découvrir cet univers en se retrouvant dans la peau de l'héroïne Paige et, avec elle, on va avoir le droit à un florilège d'événements tous plus difficiles à vivre les uns que les autres. Les descriptions sont soignées, intelligentes, pour nous permettre de vraiment comprendre et l'utilisation de l'éther et son fonctionnement. Forcément, devant la complexité de l'univers et de l'énergie utilisée par l'auteur, ce roman ne s'adresse absolument pas à un jeune lectorat, mais davantage à des adultes (surtout que le roman est vraiment dense !).
Très vite, on apprend qu'il existe quatre groupes d'êtres vivants dans le roman. Les amaurotiques sont ceux qui ne possèdent aucune compétence, ce sont de simples humains qui tentent de survivre comme tout le monde, mais sont favorisés par la société, car non dangereux. Pourtant, certains se retrouvent à Shéol et deviennent des esclaves dont la vie importe peu tant qu'ils servent les Réphaïms, des êtres humanoïdes de l'Outremonde. Ces mêmes Réphaïms qui ont besoin de se nourrir de l'éther de nos clairvoyants, et peu importe de quelle manière (bien souvent de manière brutale). Les clairvoyants sont eux-mêmes divisés en sept groupes : les devins, les médiums, les augures, les sensoriels, les gardiens, les furies et les plus rares, les songeurs. Chaque groupe étant divisé à son tour en plusieurs classes selon les capacités d'un clairvoyant.
Complexe n'est-ce pas ? Et pourtant tellement intéressant ! Quand on pense que l'auteur n'a que vingt-deux ans et qu'elle signe là son premier roman (la même maison d'édition qui a donné sa chance à J.K. Rowling), on se dit que son avenir d'auteur est assuré, car clairement je suis conquise par cet univers et la plume.
Nous avons donc les humains, les clairvoyants (des humains ayant des affinités avec l'éther), des Réphaïms et enfin les Emims, des créatures bestiales et carnivores, principaux ennemis des Réphaïms. D'ailleurs, si les Réphaïms kidnappent des clairvoyants, c'est dans le but de se défendre contre les Emims. Chaque espèce se doit de survivre face aux autres et peu importe la manière. L'univers est donc très sombre, la lumière étant quasi inexistante pour notre héroïne qui va chaque fois devoir faire ses preuves. Lorsqu'elle arrive à Sheol, elle est très vite remarquée par le gouverneur Actarus, concubin de Nashira, la chef de Sheol. Entre les deux, une relation étrange s'installe. Paige éprouve beaucoup de haine pour l'homme et elle ne pourra s'empêcher de lui tenir tête et de ne pas jouer son jeu. Mais forcément, elle va se rendre compte qu'au contraire, il souhaite lui apprendre à maîtriser ses compétences et à tenir tête à Nashira. C'est d'ailleurs le seul Réphaïms qui se comporte bien avec ses esclaves. J'ai d'ailleurs trouvé le personnage très attirant ! Énigmatique, calme, troublant et ayant vraiment l'air très beau, Actarus a tous les atouts pour faire craquer notre héroïne. Mais aucune romance à l'horizon, cependant !
Bone Season n'a rien à envier aux autres dystopies, au contraire ! Il apporte enfin la touche de maturité que j'attendais tant et met de côté les sentiments amoureux pour se focaliser sur la survie. Et jusqu'aux dernières lignes, Paige fait preuve d'un courage et d'une maîtrise d'elle qui force le respect malgré tout ce qu'elle endure. C'est une héroïne qui n'a pas froid aux yeux et qui pourtant se sait vulnérable dans ce milieu qui n'est pas fait pour ceux comme elle. Jusqu'au bout, elle ne changera pas d'avis et pourtant on peut sentir qu'avec Actarus quelque chose se forme lentement, très lentement. Et c'est encore l'un des points positifs de ce bijou : la romance n'est pas le centre de l'intrigue et ne prend pas toute la place, puisqu'on ne peut pas vraiment parler de romance, mais plutôt d'échanges de bons procédés puisque nos héros vont sans cesse se sauver la vie mutuellement, créant une certaine connexion.
J'ai encore tant de choses à dire sur l'univers, sur les personnages, mais je vous gâcherais le plaisir de la découverte. Aussi je n'aurais qu'une chose à vous dire : plongez sans retenue dans cet univers ensorcelant et cruellement étouffant !
En bref, c'est un bijou comme je n'en ai pas lu depuis longtemps et je vais devoir ronger mon frein en attendant la suite, en 2015 !