L'humanité a colonisé l'ensemble du système solaire. Parmi les milliards d'hommes et de femmes qui vivent dans l'espace, sur des planètes ou des satellites, deux vont nous intéresser. Holden, un Terrien, le second d'un transport de glace, et Miller, un inspecteur sur Cérès, un gros caillou de la ceinture d'astéroïdes.
Holden quitte son Canterbury pour une mission de sauvetage. Avec une équipe restreinte, il visite un vaisseau en perdition vidé de son équipage, lorsqu'un navire inconnu torpille et détruit le cargo glacier. La découverte d'Holden et de son groupe dans l'épave risque bien d'échauffer les tensions entre les deux plus importants sièges de l'humanité, la Terre et Mars.
Miller est mis sur une affaire privée par sa hiérarchie. Il doit retrouver la fille de l'un des richissimes actionnaires de sa société, Julie Mao, tout en continuant son travail journalier. Pour le moment, celui-ci consiste en la surveillance des rebelles du coin, l'APE, qui cherchent à détacher complètement la ceinture de la dominance de Mars et de la Terre.
L'éveil du Léviathan est le premier tome d'une trilogie space opera, un genre qui me botte toujours. C'est du divertissement, de l'action, de l'aventure, des acteurs attachants et des pages qui se tournent vite. The expanse (pourquoi ne pas avoir traduit le titre ?) pourrait bien se classer dans les bonnes surprises SF de l'année, d'autant qu'il reçoit des critiques généralement positives un peu partout sur la toile. Je serai beaucoup plus mitigé à propos de ce livre. Première suspicion : The expanse est supporté par une quatrième de couverture dithyrambique. Le lecteur avisé sait qu'il faut s'en méfier autant que d'une prostituée trop maquillée...
L'ouvrage se divise en passages excellents, dynamiques, rythmés et prenants et en portions horripilantes qui m'ont donné envie de refermer définitivement ce roman. Celui-ci débute assez mal, d'ailleurs : les soixante-dix premières pages, l'accroche qui doit donner envie au lecteur de poursuivre, sont parfaitement pénibles et lourdes. Ensuite, l'histoire démarre enfin et on commence à s'amuser jusqu'à ce qu'on s'énerve sur le comportement d'adolescent rebelle idiot d'Holden, l'un des deux personnages principaux. Puis la boucle redémarre, une section haletante suivie d'une décision ridicule et incohérente et ainsi de suite. Deux auteurs se cachent sous le pseudonyme de Corey, Abraham et Franck, ce qui pourrait expliquer la variabilité du récit. Un éditeur et des correcteurs auraient dû corriger cela.
Ce récit a d'énormes problèmes. Il laisse l'impression qu'il n'a pas été fini correctement. Le style d'écriture manque de punch et de maturité. Le texte tire en longueur, il y a des fautes dans les dialogues et certaines portions semblent avoir été écrites par des enfants. D'ailleurs les négociations autour de sujets importants ressemblent à des disputes de cour de récréation.
La narration manque de piquant, la découpe nous fait jongler entre un chapitre Holden et un chapitre Miller, les deux acteurs principaux, ce qui n'apporte plus grand chose lorsqu'ils sont regroupés puisque le narrateur reste omniscient. Un point de vue interne aurait été une bonne idée, comme offrir un chapitre aux autres membres de l'équipage. Le résultat ressemble à une série télévisée avec des relances bien lourdes à la fin de chaque section.
Si les personnages d'Holden et Miller sont interchangeables, désagréables, débiles et très artificiels, les seconds rôles, même s'ils sont issus des archétypes habituels, sont réussis et attachants, eux.
Heureusement, tout n'est pas à jeter dans L'éveil du Leviathan, on peut s'y plaire. L'univers et son histoire sont intelligents et cohérents. Une large partie de l'histoire fonctionne comme il faut pour un space opera classique et le début de la fin est captivant jusqu'à ce que les auteurs partent dans un délire absolument invraisemblable qui gâche le final.
On peut pardonner beaucoup de chose à un space op' qui fonctionne et j'aurais aimé apprécier ce livre. J'ai été content de m'en débarrasser.