Depuis la traversée des Alpes, tout semble sourire à Hannibal et ses armées, puisque les victoires sont là. Mais un funeste présage titille l'armée carthaginoise, lorsque Hannibal, le meneur, perd l'usage d'un il, infecté dans les derniers marais traversés. C'est un devin qui déclare le mauvais augure, et qui visualise maintenant le futur danger, sous la forme d'une verrue, qu'il voit dans un avenir proche...
Et le présage est bientôt justement vérifié, lorsque le Sénat romain nomme Fabius dictateur, un homme plutôt âgé, et donc d'expérience. Fabius est un homme à l'intelligence et au sens stratégique très développés, et, chose très particulière, il porte une verrue sur le visage. Un détail qui est à l'origine de son surnom, le verruqueux. De quoi donner sens aux visions du vieux devin...
La stratégie du dictateur Fabius est simple, et elle est bien loin d'emporter l'adhésion des autres stratèges romains. Elle consiste à éviter, purement et simplement, l'affrontement direct contre l'armée carthaginoise d'Hannibal. Celui-ci, par une astucieuse manuvre, va bientôt se retrouver coincé entre les montagnes et la mer, en pleine plaine, et il aura bientôt un grand besoin de vivres, de femmes, et surtout de victoires, trois éléments essentiels pour garder le moral dans les troupes d'une armée aux maintes origines...
Fabius fait brûler les récoltes et les champs, afin d'affamer l'armée d'Hannibal. Ce dernier parvient tout de même à piller les villages alentours, ce qui a le don d'énerver les généraux qui entourent Fabius, qui voient des villages romains partir en fumée sans que l'armée romaine ne fasse rien. Une situation intolérable, qui entraîne vite de vives tensions dans l'armée de Fabius...
D'un autre côté, Hannibal sait qu'il ne peut rester longtemps comme cela, dans une vallée, entouré des armées de Fabius et de Scipion. Certes, il a des vivres, avec les milliers de bufs qui ont été volés. Mais contre toute attente, il ne compte pas profiter de toute cette viande pour nourrir son armée, mais pour une chose toute autre, et bien imprévisible...
Mihachi Kagano fait une nouvelle fois toute l'éloge de l'intelligence stratégique de Hannibal, dans ce troisième tome de Ad Astra, un seinen historique qui avait déjà fait forte impression à la lecture des tomes précédents. On retrouve ici les dessins détaillés, les traits d'une grande finesse, la grande lisibilité qui étaient déjà bien présents dans les deux premiers tomes.
Ce troisième tome garde également son rythme d'enfer. Il se passe toujours quelque chose, la tension est omniprésente, et ce dans les deux camps adverses. D'un côté, on a un vieux roublard qui doit également se battre dans son propre camp pour imposer ses idées. De l'autre, on a un Hannibal nullement affaibli par la perte de son il, et qui sait encore et toujours mener une incroyable diversion, malgré le côté très hétéroclite de ses hommes.
Un seinen historique diablement efficace, et bougrement intelligent, qui mérite autant le détour que la série Cesare, qui paraît également actuellement en France. Je ne peux que conseiller vivement cette lecture, et vivement la suite !