Les Chroniques de l'Imaginaire

Printemps (Alisik - 3) - Rufledt, Hubertus & Vogt, Helge & Vogt, Helge

Alors que l'hiver laisse enfin la place au printemps et à ses arbres en fleurs, les choses sont assez compliquées pour Alisik... D'abord, avec les autres Postis du cimetière, elle est confrontée à des promoteurs qui veulent absolument raser ce cimetière et ses vieilles tombes pour y construire un supermarché tout ce qu'il y a de plus moderne à la place... Ensuite, sa relation avec Ruben, un ado aveugle des environs, devient de plus en plus compliquée : Alisik n'a pas encore trouvé la force d'avouer à Ruben qu'elle n'est qu'un fantôme...

Par ailleurs, Alisik ne peut s'empêcher de culpabiliser lorsqu'elle se rend compte que Ruben passe de plus en plus pour un original, auprès de ses amis, ou de son propre frère, lorsqu'il leur assure qu'il parle à une certaine Alisik... Ainsi, la jeune adolescente, récemment défunte, s'éloigne peu à peu de Ruben. Et elle a vraiment fort à faire avec ses compagnons du cimetière, qu'elle essaie de guider du mieux qu'elle peut, en l'absence de Joe la Faux et Mamie Orties...

Ainsi, c'est une véritable guerre qui a lieu au cimetière contre les promoteurs immobiliers. Des témoins, proches de Ruben, disent avoir vu des fantômes, ou encore avoir vu les machines du bâtiment bouger toutes seules... De quoi vraiment se dire que les environs renferment un certain nombre d'allumés, et qu'il est grand temps de le construire, ce centre commercial, histoire de civiliser tout cela !

Nous en sommes au troisième tome d'Alisik, qui paraît chez Le Lombard, et qui se passe maintenant au printemps. Effectivement, on ne trouve plus les magnifiques paysages enneigés du tome précédent, mais plutôt de beaux arbres en fleurs, qui nous évoquent les magnifiques cerisiers du Japon notamment. Pour autant, l'ambiance graphique reste toujours aussi délicieusement sombre et glauque, un peu comme dans Cœur de Pierre : n'oublions pas que nous sommes le plus souvent dans un cimetière, en compagnie de morts-vivants, même si ceux-ci sont invisibles et ont une fâcheuse tendance à se comporter plus comme des enfants que comme des monstres sanguinaires.

Outre la superbe ambiance graphique, très colorée, que l'on retrouve dans ce tome, Helge Vogt et Hubertus Rufledt prennent le temps de s'attarder sur certains personnages, notamment cet ancien général de la première guerre mondiale, au trou béant dans le ventre, qui raconte la manière dont il a perdu son fils alors qu'il avait le pouvoir de le sauver, et la façon dont beaucoup d'autres fils sont morts à cause de son chagrin...
Par ailleurs, le tome est l'occasion aussi pour Alisik de retrouver complètement la mémoire, et ainsi de se rappeler la manière dont elle est décédée dans ce stupide accident de voiture...

Ce troisième tome d'Alisik est parfaitement convaincant. Le livre bénéficie d'une réalisation magnifique à tous les niveaux : graphiquement, la série ne serait sans doute pas reniée par un éditeur comme Ankama, qui nous habitue à ce genre de joyaux dans des collections comme Label 619, ou Hostile Holster. Le rythme est également excellent : il se passe toujours quelque chose, quel que soit le groupe de personnages que l'on suit. Une série à faire découvrir au plus grand nombre, y compris à des lecteurs jeunes, qui y trouveront aussi leur compte. Pourquoi s'en priver puisque toute la famille appréciera ?