Les Chroniques de l'Imaginaire

Coffee time - Toyoda, Tetsuya

Une musicienne, guitariste de rue, décide d'arrêter de jouer dans la rue aujourd'hui : le vent est bien trop important, raréfiant les passants. Alors, le mieux est sans doute pour elle de se rendre dans un café. Elle y fait la connaissance d'un type étrange, un peu mythomane, qui dit être dans le cinéma, avec ses origines italiennes. L'individu est un beau parleur, mais il ne manque pas d'air lorsqu'il part du café, laissant son ardoise à la musicienne de rue !

Le café... Il est souvent un synonyme de petit plaisir quotidien, mais il peut parfois être l'objet d'un suspense intenable, notamment avec ces deux personnes qui se tiennent en joue depuis plusieurs dizaines de minutes, se demandant qui va tirer en premier... Les deux protagonistes finissent par accepter de faire couler, et déguster, un excellent café, avant de faire feu, ou pas...

Cette boisson est aussi l'occasion de calmer les esprits, et de permettre à autrui de s'exprimer, librement, tranquillement, allant parfois jusqu'à avouer des actes terribles, comme cette petite fille qui confie à un vieil homme policier, devant un café, qu'elle a poignardé son père il y a quelques heures...

Après son Goggles, qui avait été mis en avant par le maître Jiro Taniguchi en personne, Tetsuya Toyoda est de nouveau à l'honneur dans la très jolie collection Latitudes de Ki-oon. Cette fois, on retrouve pas moins de dix-sept situations, qui sont le plus souvent des tranches de vies autour d'un thème commun : le café.

Outre la boisson susnommée, ces histoires courtes (une dizaine de planches à chaque fois) ont également comme point commun le trait d'une grande sensibilité de l'artiste. Les visages, ou les silhouettes, sont toujours parfaitement convaincants, et les expressions sont parfaitement soignées, comme cela avait été le cas dans Goggles en 2013.

Les différentes scènes offrent une grande variabilité dans les situations, tout en restant parfaitement homogènes qualitativement. Certes, certaines scènes sont beaucoup plus empreintes des observations de la vie de tous les jours, tandis que d'autres offriront plus de mouvement, sans véritablement parler d'action. Une distinction qui a fait plutôt mouche en ce qui me concerne, même si je persiste à préférer le recueil Goggles, qui offrait six histoires différentes, qui pouvaient ainsi laisser le scénario se mettre en place plus efficacement.

Un très beau second recueil dans tous les cas, qui ne pourra que ravir les admirateurs de Tetsuya Toyoda, un auteur à côté duquel il est impensable de passer si vous aimez l’œuvre de Jiro Taniguchi.