Nous sommes en 1946, dans un monde qu'un événement va rendre parallèle au nôtre... Un extra-terrestre qui sera vite nommé Tachyon vient prévenir l'espèce humaine qu'un virus va être répandu par les siens sur Terre, histoire de voir ce que cela va donner. Effroyable, d'autant que Tachyon ressemble à se méprendre à un être humain, ce qui le fait d'ailleurs passer pour un fou délirant lors de ses premières rencontres avec des hommes.
Et pourtant, peu de temps après, c'est dans le ciel américain que la catastrophe arrive... Jetboy, un des meilleurs (si ce n'est le meilleur) pilotes américains, un héros légendaire à l'écharpe blanche, ne parvient pas à empêcher la libération d'un gaz étrange, qui descend, lentement mais sûrement, vers les populations locales. Ce qui suit glace le sang. Une grande majorité de la population meurt dans d'atroces souffrances, le plus souvent en se disloquant. Pour les autres, on parlera vite soit des Jokers pour les gens qui ont subi des difformités importantes et diverses, soit des As pour ceux qui, au contraire, ont pu en retirer des pouvoirs étranges, que l'on pourrait même qualifier de super-pouvoirs, pour faire une référence aux super-héros américains mondialement connus.
Alors, la vie continue et si, dans un premier temps, les as sont portés en triomphe par le reste de la population, notamment avec les Quatre As, l'état de grâce ne demeure pas bien longtemps. Très rapidement, les super-pouvoirs peuvent vous valoir d'être enfermés, faisant de vous une tare abominable pour le bien-être de l'Humanité. Tachyon, lui, ne peut que suivre cela en soignant tous ceux qui peuvent l'être, étant de plus en plus atteint par les horreurs qu'il voit en côtoyant les Jokers. C'est en rencontrant Blythe, une des As, capable d'absorber l'esprit des humains les plus brillants de ce siècle, qu'il trouvera un réconfort, malheureusement de bien courte durée...
C'est en 1986 que Wild cards paraît initialement aux États-Unis, alors qu'un certain George R.R. Martin (père de la désormais célèbre saga du Trône de Fer) cherchait à étoffer un univers de son imagination, un monde parallèle pris d'effroi par un terrible virus extra-terrestre, pour autant parfaitement éloigné de ce que nous raconte Stephen King dans Le fléau.
Ici, l'occasion est donnée à une dizaine d'auteurs différents de dépeindre une nouvelle qui se rapporte à ce monde. Outre George R.R. Martin lui-même, on pourra lire les récits d'autres plumes célèbres de la science fiction, comme Roger Zelazny, Walter Jon Williams ou encore Lewis Shiner ou Howard Waldrop.
De quoi découvrir de cette manière un univers véritablement fouillé et travaillé, qui n'est pas finalement sans rappeler nombre de problématiques de notre monde. On y parle sans complexe de racisme, d'écologie, de sentiments entre les survivants... De quoi nous rappeler bien des actualités ou d'autres lectures, mais gardons en mémoire que cela a été écrit en 1986, avant de faire l'objet d'une bonne vingtaine d'autres recueils encore non disponibles en français.
On y retrouve également bon nombre d'éléments que ne renieraient pas les studios Walt Disney ou Marvel, notamment dans les super-pouvoirs attribués aux As, qui ne sont pas sans rappeler les X-Men, y compris dans l'animosité qu'ils suscitent auprès de la population non mutante.
Rien à redire sur le fond donc ! Sur la forme, j'avoue avoir été surpris de voir que ce Wild cards était finalement un recueil de nouvelles traitant d'un même monde, rendu ainsi palpable, complexe, par la vision de différents écrivains. Le livre est ainsi finalement certes intéressant, mais tout de même assez difficile d'accès. Les personnages changent du tout au tout d'une nouvelle à l'autre, et il faut attendre des interludes, ou d'avoir lu plusieurs nouvelles pour commencer à faire le lien, après plus de deux cent pages, ce qui constitue un vrai effort à faire, même s'il vaut le coup d'être fait !
Un livre intéressant, complexe, qui mérite de la persévérance pour pouvoir être apprécié à sa juste valeur. Tiens, comme Le trône de fer, finalement !