Les Chroniques de l'Imaginaire

L'Etoile du Matin - Gemmell, David

Parce que les troupes d'invasion du roi Edmond le Marteau des Highlands, en pillant un village, ont mis la main sur le pécule que Jarek Mace y gardait, celui-ci tend une embuscade aux soldats sur le chemin du retour. Parce qu'il veut se moquer gentiment de l’idéalisme de son ami le barde Owen Odell, qui encense les héros droits et valeureux, il se présente alors sous le nom de l’Étoile du Matin, seigneur des Highlands. Ses adversaires sont massacrés. En ces temps troublés de lutte entre le Sud et le Nord, il n'en faut pas plus pour enflammer l'imaginaire collectif et faire naître la légende : tous voient en l’Étoile du Matin celui qui portera le souffle de la rébellion et libérera le pays des oppresseurs. Jarek Mace, brigand impénitent, commence par en rire avant de trouver que les attentes du peuple sont finalement bien lourdes à porter !

L'histoire de Jarek Mace nous est racontée à la première personne par son compagnon d'aventure, celui au contact duquel sa crapulerie s'est émoussée pour finir par lui faire réellement endosser le rôle du héros libérateur, à l'image d'un Robin des Bois (au passage, on aime le clin d’œil à la fameuse flèche fendue par ce dernier lors d'un tournoi). Au crépuscule de sa vie, Owen Odell entreprend de raconter à un auditeur imaginaire qui était réellement celui que la légende a transformé en héros au cœur pur alors qu'il n'était qu'un malfrat sans scrupule ne courant qu'après l'argent et le plaisir sexuel.

Si les personnages de David Gemmell sont souvent un peu trop lisses, devenant trop facilement les héros guerriers dont l'époque a besoin, j'avoue avoir vraiment un faible pour ceux de ce roman. C'est un délice de voir Jarek Mace, très indépendant et égoïste au départ, se retrouver empêtré dans l'image qu'il donne à ceux qui ne le connaissent pas réellement, son fond d'amoralité devenant de plus en plus léger au fil du récit. Quant à Owen Odell, c'est lui le véritable parangon de vertu de l'histoire, qui va déteindre sur son camarade, mais il n'est pas parfait non plus, loin de là, et découvrira au passage quelques réalités de la vie. Par contre, les personnages secondaires sont un peu trop vite esquissés, trop stéréotypés.

L'intrigue est prenante, pleine de rebondissements. Des combats, de l'amitié, de l'amour même, aucun ingrédient n'est oublié pour rendre cette lecture très agréable. J'ai juste un petit regret au niveau de la boucle temporelle utilisée pour expliquer certaines péripéties, qui me semble mal ficelée.

Il faut noter également que, malgré quelques allusions à d'autres œuvres de l'auteur (la légende des chevaliers de la Gabala, cela vous dit quelque chose ?), ce récit est entièrement indépendant.

C'est un roman plaisant qui séduira facilement tous les amateurs d'heroic fantasy. Ce serait dommage de passer à côté.