Andràs, jeune juif hongrois, arrive à Paris en 1937. Il bénéficie d'une bourse pour pouvoir suivre des cours d'architecture dans une école parisienne prestigieuse.
Mais l'antisémitisme monte en France comme ailleurs, la guerre menace. Andràs voit sa bourse s'envoler et ses rêves de devenir architecte faire de même. Mais il rebondit en trouvant du travail dans un théâtre, ce qui lui permettra de continuer ses études.
Il fait connaissance d'une professeur de danse un peu mystérieuse, Claire, qui s'avère être également hongroise (elle s'appelle en fait Klàra) et s'est réfugiée à Paris pour fuir son passé.
Bien qu'elle soit plus âgée que lui, ils tombent amoureux et vivent un amour un peu chaotique mais qui prend de l'ampleur au fil des jours.
Hélas, la menace de la guerre devient réalité. Andràs perd son visa et doit retourner en Hongrie pour le faire renouveler. Mais il ne pourra pas revenir en France car il se retrouve enrôlé dans le STO, le Service de Travail Obligatoire. Claire l'a suivi malgré son passé, et retrouve sa famille qu'elle n'a pas vue depuis dix-huit ans.
Dans les camps de STO, Andràs va vivre des jours très difficiles, frôlant la mort à chaque instant. Mort par le froid, la faim, les mauvais traitements, la maladie, la peur, le découragement.
Malgré tout, la vie continue, et Klàra et lui vont réussir à se marier, à avoir un enfant, évoluant dans leur cercle familial soudé, avec les frères tant aimés d'Andràs, le frère de Klàra, son neveu, leurs parents.
Les neuf cent pages de ce roman se lisent avec avidité, on a peur avec eux, on souffre, on pleure, on rit, on respire, on espère... L'écriture est riche, dense, l'auteure nous fait découvrir un aspect de la seconde guerre mondiale qu'on ne connait pas beaucoup, l'implication de la Hongrie aux côtés d'Hitler, les camps de Travail Obligatoire, où les Juifs vont autant souffrir que dans les autres camps.
Malgré la noirceur de cette guerre, le roman est vraiment agréable à lire car on y sent un amour indéniable, un amour entre homme et femme, un amour entre frères, un amour familial omniprésent et réconfortant.
Les différents aspects de la vie d'Andràs sont détaillés avec soin et on découvre avec autant de plaisir les lois de l'architecture que la vie dans les coulisses d'un théâtre, entre autres.
C'est une très belle histoire, sombre certes, mais superbement racontée, sans jamais tomber dans la tristesse et la dépression. Les sentiments sont parfaitement dosés, l'écriture est maîtrisée, sachant s'adapter aux événements qu'elle décrit.
Un roman fort !