La colocation, de Josée Lepire, prix Solaris 2014 : Noémie en a marre de Wolfe, et comme après tout il ne s'agit que d'une anima créée et modifiée par elle-même, elle demande son effacement par les techniciens de VirPal. Mais elle continue à voir Wolfe, quoi qu'elle fasse pour s'en débarrasser.
On se perd autant que l'héroïne entre les différents niveaux de "réalité" à supposer qu'un tel mot puisse s'appliquer au monde vertigineux créé par l'auteure, mais cela n'a rien d'un défaut. Et c'est une réécriture terriblement actuelle de l'histoire de Frankenstein.
Pour une littérature hors la loi, de Eric Gauthier : Cette nouvelle a une forme terriblement originale et crédible dans sa façon de dépeindre l'un des futurs possibles de la littérature. Excellent !
Une petite lumière, de Emmanuel Trotobas : Schlimalick et Stemboulou sont deux hardis explorateurs, mais lorsqu'ils rapportent à leurs proches ce qu'ils ont découvert, en leur offrant de le partager, l'enthousiasme n'est pas au rendez-vous.
Ce texte est lauréat du prix d'écriture sur place au congrès Boréal 2014, catégorie auteurs montants. Je serais curieuse des autres textes en lice, celui-ci ne m'ayant pas vraiment convaincue, surtout par son manque d'originalité, non compensé à mon avis par la qualité de l'écriture.
Eveil, de Geneviève Blouin : Après un long sommeil, il faut se nourrir au plus vite, avant d'avoir la force de préparer la voie de sortie pour les Anciens qui, contrairement à l'habitude, ne se sont pas réveillés les premiers. Mais la sortie du refuge n'est pas sans danger.
Ce texte a obtenu une mention au prix d'écriture sur place au congrès Boréal 2014, catégorie auteurs pros. L'idée de base n'est pas forcément d'une grande originalité, et en fait rejoint assez celle de la nouvelle précédente, mais... Je n'en dirai pas plus pour ne pas la déflorer, d'autant que j'en ai bien aimé la chute.
La décharge, de Francine Pelletier : Dans la décharge d'Astrid, il n'est pas facile de survivre, et bien sûr les plus forts ont droit aux meilleurs morceaux. Jusqu'à ce qu'ils tombent sur plus fort qu'eux, bien sûr.
Texte lauréat du prix d'écriture sur place au congrès Boréal 2014, catégorie auteurs pros. Ici, la qualité de l'écriture est sans conteste au rendez-vous, avec un texte très abouti.
La Muse de Versurleau, de Gaël-Pierre Covell : Après la Guerre inter-espèces qui a séparé pour toujours le Peuple des humains, certains sont restés, dont une, fascinée par la musique, et qui a connu les plus grands compositeurs, jusques et y compris Marin Ravier.
Quelle belle nouvelle ! Un univers complet magiquement esquissé, parfaitement construit, et totalement envoûtant. Incontestablement ma préférée dans cette livraison de la revue.
Emma, de Dave Côté : Ridicule, certes, de laisser dormir un Habitat sous-marin qui vaut des millions. Et puis, le narrateur l'a quitté, non ? Alors, voilà, il est temps de finir de le vider, et de partir pour de bon. Avoir personnifié l'IA qui le gère ne doit rien y changer.
Certes, ce n'est pas vraiment une idée neuve, mais elle est traitée avec beaucoup de sensibilité, et la progression est bien gérée.
Marie-Amélie, de Isabelle Lauzon : Que sa fille veuille quitter la surface pour devenir prêtresse marine paraît à la narratrice cruel, scandaleux et ridicule. Aussi réclame-t-elle une dernière entrevue, mais rien ne se passe comme elle l'avait prévu.
Cette nouvelle et la précédente ont été écrites lors d'un atelier d'écriture animé par Elisabeth Vonarburg. On y retrouve en effet certaines des consignes... mais le prénom en faisait-il partie ? Très sympa aussi, et originale en tout cas.
Attente, de Mathieu Croisetière : Michel attend Manon, et pendant ce temps il reçoit une visiteuse inattendue, puis des coups de fil vaguement étranges. Et pourquoi Manon ne répond-elle pas sur son portable ?
Le glissement discret vers le fantastique m'a semblé bien maîtrisé, ce qui rend cette nouvelle dépaysante et effrayante à souhait.
Étant totalement néophyte dans un genre qui ravit certains de mes amis, et désireuse de cacher mon total désintérêt pour le thème, je suis très reconnaissante à Valérie Bédard et Mario Giguère pour Les films de zombies : du meilleur au pire. En effet, ce guide, drôle, argumenté et bien fourni, me permettra incontestablement de paraître au moins renseignée sur le sujet. Et qui sait ? Quitte à me laisser tenter, autant que ce soit par le meilleur...
Dans ses Carnets du Futurible, Mario Tessier revient cette fois sur Le cabinet de curiosités, tant dans sa version "historique", du XVIIe siècle au XIXe, mais aussi dans ses versions contemporaines. Je n'avais jamais pensé aux blogs comme à des cabinets de curiosités virtuels, mais pourquoi pas ?!
Enfin, la rubrique Sci-néma, de Christian Sauvé, et les critiques de livres fourmillent comme d'habitude de pistes à suivre... et à éviter.