Erwan est toujours en Bretagne et il est avec Blanche. Le ciel y est particulièrement étrange et menaçant et Erwan souhaite aller visiter les villages environnants, histoire de voir si tout y va bien, après les derniers événements. Comme Paris et les alentours, les petits villages bretons sont sans dessus dessous et ont besoin d'aide pour extraire les morts des décombres... Blanche, de son côté, a encore faim et ne semble pas se préoccuper du malheur des autres, qui en sont presque tous à compter leurs morts...
Pourtant, il se passe vite quelque chose d'étrange entre Blanche, dans le monde réel, et Sombre, dans l'autre monde, celui de maître Cristo... Les deux jeunes créatures découvrent qu'elles peuvent se voir l'une l'autre, au travers d'un reflet dans un miroir, ou dans un cours d'eau... De quoi s'interroger, pour l'une comme pour l'autre...
Et puis, il y a Pauline et Gaëlle, qui sont franchement en pleine galère. Les deux femmes essaient de revenir vers la Bretagne, en arrivant de Paris, où toute la capitale est complètement dévastée. C'est l'horreur et le désastre dans tous les patelins qu'elles traversent à l'aide d'un scooter. Bien évidemment, l'essence est devenue une denrée rare et les gens se ruent sur les rares pompes qui sont encore approvisionnées. Leur retour pour la Bretagne et la maison de maître Cristo n'est pas pour tout de suite...
L'occasion est ainsi donnée à Erwan et Blanche de faire plus ample connaissance. L'étrange petite fille, qui a encore grandi de façon surprenante, semble apprécier Erwan. Celui-ci se doute maintenant que Blanche n'est pas étrangère aux catastrophes et à la nature qui devient folle. Il sait que la clé est là, mais il ignore encore ce qui se trame dans le monde du Grand Mort...
Ce cinquième tome de la série de Loisel et JB Djian, Le Grand Mort, nous plonge encore une fois dans un véritable chaos, urbain et même rural, tant les campagnes françaises ne sont pas épargnées par les dérèglements climatiques et la nature qui semble complètement folle. De quoi permettre à Vincent Mallié et François Lapierre (à la couleur) de faire montre de toute l'étendue de leur talent, dans des paysages dévastés, des cieux décomposés, ou des animaux pris de panique... A côté de cela, on retrouve des verts luxuriants dans le monde du Grand Mort. Des forêts touffues que ne renierait pas un dessinateur comme Mohamed Aouamri...
L'histoire évolue, mais à un rythme délibérément lent, qui prend le temps d'analyser encore une fois les relations entre les personnages. Les heures contées ici sont sombres, parfaitement mises en valeur d'un point de vue graphique, notamment avec des plans audacieux qui mettent en valeur les expressions souvent désespérées. Le tome se passe encore principalement dans le monde réel, même s'il présente tout de même quelques incursions dans l'autre monde, qui restent encore plutôt mystérieuses.
Il va encore falloir patienter pour avoir des réponses, et c'est très bien car cela sert le rythme excellent de cette histoire !
