Les Chroniques de l'Imaginaire

Pandemonium (Pandemonium (Shibamoto) - 1) - Shibamoto, Shô

Zipher est un être prêt à tout, tant il est désespéré. On le rencontre alors que cela fait des jours qu'il marche, et qu'il a épuisé ses quelques réserves de nourriture et d'eau. Rien de simple, d'autant qu'il porte un coffre gigantesque sur le dos. Las, épuisé, il finit par s'effondrer. Heureusement, le voilà arrivé à destination, et des personnages étranges assistent à l'évanouissement, et viennent en aide à l'étranger.

Bientôt, Zipher se réveille, et il est à deux doigts de retomber de nouveau dans les pommes, lorsqu'il aperçoit les êtres qui lui ont porté secours. Ces personnes sont toutes déformées, de façon plus ou moins sévère, et leur physique peut avoir de quoi choquer. De plus, il ne sait pas où son coffre a été rangé, et son contenu lui est bien précieux, et il constitue même la raison de ce long voyage.
C'est lorsque Zipher rencontre le maire de ce village lointain que tout s'explique. On dit que ce village éloigné est habité par une magie puissante, capable non seulement de stopper les attaques impitoyables qui viennent du ciel, mais aussi de ramener les défunts à la vie. Or, le coffre de Zipher renferme justement le corps conservé de sa défunte compagne... Alors, il souhaite que la vie lui soit rendue. Mais le maire est vite clair : il lui est impossible de ressusciter un mort, et Zipher est maintenant prié de quitter les lieux dès que son état le permettra.

Alors, Zipher rencontre Domika, une jeune fille qui a su demeurer jolie malgré ses petites déformations. Il n'aura de cesse de rester, prétextant les blessures ou les spectacles de feu d'artifice dont il est spécialiste. Zipher est persuadé que le maire lui a menti, et il veut coûte que coûte que sa compagne revienne à la vie, même s'il doit mourir pour cela.

Ce premier tome de Pandemonium sort dans la très jolie collection Latitudes de Ki-oon. Ce seinen de Sho Shibamoto possède deux particularités : d'abord, il est intégralement colorisé dans les mêmes tons ocres que sur la couverture, et ensuite il se lit de manière occidentale, à la différence de bon nombre de mangas. De quoi se rappeler donc facilement certaines productions de chez Ankama, dans les collections Label 619, ou encore Hostile Holster.

Les dessins de Sho Shibamoto y sont tout simplement d'une grande justesse : les personnages sont réussis, avec des expressions parfaites et travaillées, les plans sont audacieux, le mouvement est omniprésent, notamment dans les scènes où cela est nécessaire. Le lecteur ne pourra que s'attacher immédiatement, certes à Zipher, mais aussi aux autres personnages comme Domika. C'est mignon, fignolé aux petits oignons, et rempli de petits détails, y compris au niveau des décors, ce qui est rare dans un manga, qui donnent une grande cohérence à l'univers imaginé par l'auteur.

Du côté du récit, là encore, on sent une grande maîtrise : le rythme est volontairement lent, l'histoire prend le temps de se mettre en place, et c'est avec un vrai bonheur qu'on se surprend à tourner les pages à un rythme finalement effréné, jusqu'au dénouement qui rendra l'attente du second tome tout simplement insupportable. Vite, la suite !