Les Chroniques de l'Imaginaire

Adam Clarks - Hautière, Régis & Lapone, Antonio

Nous sommes dans un début de XXIème siècle un peu parallèle au nôtre, au vu des voitures volantes qui sillonnent l'air de la ville. Ce soir, la jet set est à l'honneur, et a décidé de se réunir autour du De Long Star, un rubis immense et unique, que le musée américain d'histoire naturelle projette de revendre pour combler ses déficits. Au milieu de la foule, on remarque un personnage, Adam Clarks, discutant avec la gente féminine, une coupe de champagne à la main. Clarks est connu ici comme étant un redoutable chroniqueur mondain, dont la plume appartient au plus important magazine féminin du pays...

D'ailleurs, Clarks montre vite également ses talents de séducteur, en accompagnant Irina, une bien jolie fille russe, à sa chambre d'hôtel. Après la bagatelle, la face cachée de Clarks se montre : l'homme se change en voleur, tel un Arsène Lupin, et avec une redoutable efficacité, il parvient à dérober le De Long Star au nez et à la barbe de l'armée de surveillants qui étaient chargés de sa sécurité dans cet hôtel.

Pourtant, il arrive aussi à Adam Clarks d'être surpris. C'est le cas lorsqu'il se rend compte qu'Irina appartient au KGB. Les Russes lui ont dérobé l'immense rubis et lui demandent un autre larcin pour le lui rendre. Le vol d'un objet issu de la meilleure technologie américaine et qui devrait permettre au pays de l'oncle Sam d'être le premier à atteindre Mars, tout simplement... Et lorsqu'il s'agit d'enjeux spatiaux d'une telle envergure, la CIA n'est jamais bien loin et elle demande bientôt à Clarks de surveiller Irina et de lui rapporter les moindres faits et gestes de la starlette...

Ce Adam Clarks est un livre surprenant, scénarisé par Régis Hautière et dessiné par Antonio Lapone. Surprenant d'abord par sa taille : le format adopté dans cette production Treize étrange (chez Glénat) est plus grand qu'une bande dessinée habituelle. Sur la forme, on a ainsi un objet d'une grande classe, qui colle d'ailleurs parfaitement aux dessins épurés d'Antonio Lapone. Le dessinateur italien de Accords sensibles voit ainsi son travail d'orfèvre réellement magnifié par ce format.

Pour rester sur le graphisme, on ne peut qu'être enchanté : chaque planche est magnifique, et on aurait presque envie d'en extraire quelques-unes pour les entreposer sous cadre dans son salon. Les couleurs employées, très modernes, sont tout simplement parfaites : l'auteur a le sens de la couleur, qui donne volontairement une atmosphère résolument rétro. Inutile de préciser que cela colle, mais alors parfaitement, au récit de Régis Hautière. Les découpages sont également très minutieux, vraiment réfléchis, et accélèrent ou freinent parfaitement le rythme aux bons moments.

Par rapport à cela, le one-shot prend vraiment le temps de présenter les personnages, avec même un individu tiers qui n'hésite pas à faire une pause dans le récit pour nous donner tel ou tel élément du passé d'un personnage. Cela ne les rend que plus vrais, plus attachants, parfaitement crédibles et intéressants. Le rythme de l'histoire est également parfait : on ne s'ennuie pas une seconde dans un récit qui mêle la jet-set et l'espionnage, un peu à la James Bond, tout en en prenant plein les yeux, à chaque planche.

Il est impensable de passer à côté de ce bijou, que vous ayez découvert Accords sensibles ou pas.