Nous sommes en pleine période de guerre froide, aux États-Unis. Les murs commencent à se libérer au pays de l'oncle Sam, mais cela ne va pas sans heurt, auprès de conservateurs prêts à tout pour sauvegarder l'âme puritaine américaine. Ce soir, c'est Lyn, une actrice porno en vogue, qui va en faire les frais. Après avoir du s'échapper de l'avant-première de son dernier film, voilà qu'elle est suivie par une espèce de super-héros appelé le Charpentier. Celui-ci provoque un accident, et laisse l'actrice périr dans les flammes de façon atroce.
En Russie à présent... Vera Yelnikov est non seulement le meilleur soldat de l'URSS, mais elle est aussi tout simplement une femme splendide, une véritable bombe atomique capable de faire tourner la tête de n'importe quel homme qui passe à sa portée. Actuellement en permission, Vera en profite pour rendre visite à son couple d'amis favori, qui attend d'ailleurs un heureux événement. Mais les retrouvailles sont de courte durée, lorsque Vera apprend qu'elle doit partir pour la Californie.
En fait, avec les exactions du Charpentier, les Russes voient d'un mauvais il la montée de Jacky Core, une femme pasteur qui pourrait bien gagner la prochaine présidentielle, et qui empêcherait le programme de désarmement qu'attendent les Russes. Alors, Vera est envoyée là-bas pour devenir une vraie Américaine, et surtout pour devenir Red Skin, une super-héroïne qui aura pour mission de défaire le Charpentier et se mettre l'autre moitié des États-Unis dans la poche !
Xavier Dorison n'hésite pas, ainsi, à envoyer une superbe fille russe entre les mains des producteurs de films porno américains, dans ce premier tome de Red Skin. Nous sommes sur fond de guerre froide, période qui aura pu donner naissance à bon nombre de séries de bandes dessinées, et la série flirte avec les comics présentant des super-héros américains, même si on ne voit pas ici de pouvoir inhumain.
Il était en tout cas tout naturel de proposer la partie graphique de Red Skin à Terry Dodson, un homme qui dessine magnifiquement les femmes (il suffit de se plonger dans les deux tomes de Songes, parus chez Les Humanoïdes Associés, pour s'en convaincre), ainsi que les super-héros américains, comme X-Men ou encore Avengers. C'est donc très logiquement qu'on retrouve ici une ambiance graphique qui n'a rien à envier aux comics : les décors sont minimalistes mais bien suffisants, les couleurs savent se faire discrètes pour améliorer la lisibilité et l'accent est mis sur les visages et les silhouettes.
Et en ce qui concerne Vera, c'est une vraie réussite : le nouveau personnage de Xavier Dorison est magnifié ici, et certaines représentations, notamment en pleine page, sont tout simplement superbes, notamment sur la couverture ou lors de l'essai du costume de Red Skin. Ce personnage est parfaitement campé, avec un air candide et ingénu, qui vole en éclats devant les murs pas si coincées que cela de la belle !
Un premier tome réussi, accrocheur, déjà bourré d'action et d'humour : la collaboration entre ces deux monstres de la bande dessinée a pris, et vivement la suite !
