Sam Millar est un de ces petits gars de Belfast, enfance difficile, mère partie jeune et père exigeant. L'enfant devient adulte et se rapproche de ceux qu'il juge nécessaires pour se débarrasser de l'Anglais protestant, l'IRA, ce qui lui vaut un long séjour aux frais de sa Majesté à la prison de Long Kesh en Irlande du Nord.
Sa peine terminée, il traverse l'Atlantique pour se refaire une vie à New-York, il y devient croupier dans un casino. Puis, il monte un coup incroyable, le braquage d'un dépôt de la Brink's.
Millar sait raconter une histoire, il aime ça, il aime les partager, alors quand le sujet principal de celle-ci est sa vie, elle risque de valoir le détour. On the Brinks est un roman autobiographique où l'auteur nord-irlandais nous conte à la manière d'un thriller les trois périodes importantes de son existence - ce sont aussi les plus intéressantes pour un bon bouquin.
Son enfance expédiée, il commence par ses années de prison pour terrorisme et activisme politique pour les indépendantistes catholiques nord-irlandais, la découverte de ses camarades de la rébellion et la présentation des conditions horribles de détention des invités spéciaux du Maze. C'est à ce point inhumain que j'ai eu du mal à accepter que cela puisse vraiment avoir eu lieu au Royaume-Uni.
La deuxième période de sa vie est plus heureuse puisqu'il s'installe aux États-Unis et gravit rapidement les échelons dans la hiérarchie des casinos pirates de New-York, loin des mauvais souvenirs de Belfast. Cette période se termine par un étonnant casse, celui de la Brink's à Rochester en 1993 et le butin dépasse les sept millions de dollars US. Millar nous raconte ensuite le jeu de cache-cache avec les forces de l'ordre et le procès qui s'ensuit.
On retrouve dans ce livre la plume habile de Millar. Il écrit bien et dans un style envoûtant. Il possède cette épice mélancolique qui sied si bien aux histoires irlandaises, cette petite chose qui rend n'importe quelle scène de joie un peu triste.
Son personnage, c'est-à-dire lui-même, est vite attachant malgré les a priori qu'on pourrait avoir face à un ancien de l'IRA devenu braqueur. Les pages se dévorent et ce ne sont pas les citations - que je trouve toujours prétentieuses - en tête de chapitre qui vont gâcher le plaisir de suivre le parcours de cette vie extraordinaire, peu importe que l'auteur se présente sous un meilleur jour ou exagère certaines choses.
Millar ne s'est pas planté en nous racontant l'histoire de sa vie. Le livre ne conviendra pas à tous les lecteurs mais si vous avez l'estomac bien accroché, plongez-vous dedans, On the Brinks vaut le coup d'être lu.