Les Chroniques de l'Imaginaire

Journal d'une fille de Harlem - Horwitz, Julius

Une jeune fille noire raconte, sous forme de journal, son quotidien dans la 104e Rue à New York, son quotidien misérable, avec sa mère, sa sœur Harriet (treize ans) et ses deux frères Charles (douze ans) et Edgar (le bébé).
Ce sont les seuls prénoms utilisés dans le roman. On ne connait pas celui de la narratrice, mis à part deux initiales indiquées une seule fois. Tous les autres personnages sont nommés par leurs initiales.

Maman est une femme qui ne lutte pas : ils vivent à cinq dans une pauvre chambre sale et envahie par les rats et les cafards, mais Maman ne cherche pas d'autre appartement. Elle ne fait rien de ses journées. Régulièrement un enquêteur ou une enquêteuse de l'Assistance passe les voir et Maman réclame des vêtements pour les enfants ainsi qu'un nouvel appartement.
On lui répond que c'est à elle de le chercher, mais qu'une fois trouvé, l'Assistance paiera le loyer. Mais Maman n'a pas le courage de chercher.

La narratrice est une très bonne élève. Elle aime lire et découvre les joies de la bibliothèque. Elle ne comprend pas l'immobilisme de sa mère. Impuissante, elle assiste à la descente aux enfers de son frère, puis de sa sœur, qui plongent dans la drogue, comme tous les enfants du quartier.
Mais elle résiste, passe des examens, poussée par une professeur non démissionnaire, et un avenir plus optimiste s'offre à elle.

Ce texte est sombre, noir, il raconte une existence misérable mais réaliste et nous donne une bonne image de ce qu'est la vie de ces femmes seules, vivant de la charité, et de leurs enfants qui n'ont rien connu d'autre. C'est poignant, dur, mais heureusement la narratrice prouve, par sa ténacité et son courage, que l'on peut s'en sortir.

Le texte n'est heureusement pas très long, car tant de misères et de fatalisme devant cette misère peuvent mettre le lecteur mal à l'aise.
C'est un roman à la fois sombre et joyeux, à la fois pessimiste et optimiste. L'écriture est maitrisée, respectant bien les codes du journal intime.
Une lecture édifiante et, somme toute, agréable.