Les Chroniques de l'Imaginaire

Napoléon (Tome 1/3) (Ils ont fait l'Histoire - 5) - Tulard, Jean & Simsolo, Noël & Fiorentino, Fabrizio

Nous sommes à Toulon, en Décembre 1793. Le capitaine Bonaparte, âgé de 24 ans, est sur le point de reprendre le port de la ville aux Anglais et aux Espagnols. Une victoire qui coûtera du sang, mais qui propulsera la carrière du jeune capitaine corse. Car Napoléon Bonaparte est né sur l'île de Beauté, à peine un an après qu'elle ait été vendue à la France. Une origine qui aurait pu nuire au personnage, si la royauté avait été maintenue.

La victoire de Toulon est l'occasion pour Bonaparte d'avoir un allié politique, en la personne de Barras. Allié dont il faudra par ailleurs se méfier, devant l'aura grandissante du jeune capitaine, notamment devant ses actions à Paris, et qui lui vaut d'être envoyé en Italie. Napoléon a l'intention de libérer les provinces du Nord - jusque Milan - du joug autrichien. Des intentions pas vraiment attendues au niveau politique, et qui contribueront à rendre le chef de guerre encore plus apprécié des soldats et de son peuple...

On ne compte plus les victoires napoléoniennes, en Italie, entre Montenotte, Millesimo, Mondovi ou encore Lodi. Nous sommes alors en 1798 et, bien loin d'une épouse qui le trompe, c'est vers l’Égypte que les compétences stratégiques de Napoléon sont envoyées. Napoléon y trouvera un allié puissant en la personne de Kléber.

La série Ils ont fait l'Histoire nous présente différents personnages historiques importants, habituellement sous la forme de one-shots. Ainsi, des personnages aussi divers que Philippe Le Bel, Vercingétorix, Charlemagne ou Jean Jaurès ont déjà eu droit à leur one-shot. Pour Napoléon, on déroge à la règle, puisque ce sont trois tomes qui sont prévus, avec ce tome présent qui ouvre le bal, entre 1793 et 1799, c'est-à-dire entre la prise de Toulon et le retour des campagnes égyptiennes.

Sur le plan purement historique, la série a toujours su faire mouche, et ce n'est pas cette nouvelle série qui fera exception en cela. C'est d'ailleurs Jean Tulard, spécialiste universitaire de Napoléon, qui assure la véracité de tous les événements rapportés ici, tandis que Noël Simsolo assure le côté scénario de bande dessinée, avec Fabrizio Fiorentino, un habitué des comics, décidément, aux crayons.
Graphiquement, le tome s'en sort avec les honneurs : les traits sont nerveux à souhait, les personnages sont parfaitement reconnaissables et la lisibilité est bien là, et heureusement. L'ensemble manque par contre de mouvements, notamment dans les scènes d'action, la faute peut-être à une colorisation trop ambitieuse.

Là où c'est moins bon, c'est que le lecteur ne parviendra nullement à s'attacher au personnage de Napoléon. Finalement, tout va bien trop vite, avec des mois et des années qui s'enchaînent vraiment très rapidement, et surtout des événements qui ne restent qu'historiques. On ne s'attarde nullement sur le côté humain du personnage principal, comme la manière dont il ressent l'éloignement : rien n'est raconté là-dessus, rendant le personnage froid et sans saveur.

Dommage, car on tenait là l'occasion d'en apprendre un peu plus sur l'homme, et on assiste à un cours d'Histoire avec ses enchaînements de dates et d'événements, ni plus ni moins. Par ailleurs, rien ne permet de penser que ce défaut dans la narration sera corrigé dans les deux tomes suivants.

En définitive, un livre à réserver aux amateurs d'Histoire pure et dure. Pour ceux qui pensaient apprendre des choses croustillantes sur Napoléon, il faudra passer sonchemin.