Les Chroniques de l'Imaginaire

Însângerat (Chroniques des stryges - 2) - Li-Cam

Au vu des troubles qui agitent la Roumanie, il est décidé d’anticiper la présentation de Lem à son peuple : le futur roi des stryges va se rendre dans la zone de confinement pour faire la connaissance des siens et de leurs coutumes. Le jeune voïvode est morose, vexé que ses tuteurs ne lui révèlent pas les raisons cachées qu’il devine derrière cette visite sur sa terre natale. Heureusement, ses amis seront aussi du voyage pour l’égayer un peu.
Cependant, le danger guette : le Sângedrac, un mouvement stryge radical disparu depuis la capture de son leader seize ans plus tôt, semble renaître de ses cendres, cristallisé autour d’un prophète charismatique et mystérieux : Însângerat (« l’Ensanglanté » en roumain). Quels sont les buts véritables de cet individu insaisissable ?

Dans ce nouveau tome des Chroniques des stryges, nous retrouvons Lem et ses compagnons six mois après les événements dramatiques du premier tome. Le ton est plus sombre, car la menace est plus grave que précédemment : la situation incontrôlable pourrait bien déboucher sur une guerre. Les clans Dracul et Bathory n’en peuvent plus d’être séquestrés dans la zone de confinement ; les Tziganes rêvent de reprendre leur place à leurs côtés, offrant leur sang contre la protection des strigoï, tandis qu’ils sont inlassablement tourmentés par la milice ; le gouvernement roumain aimerait s’approprier pour de bon les terres strigoï ; le Vatican de son côté n’offre qu’un appui de plus en plus faible. Bref, toutes les conditions sont réunies pour que la moindre étincelle mette le feu aux poudres, et c’est justement ce que veut le Sângedrac, dont le but avoué est de rendre sa liberté au peuple de la Nuit (les strigoï), avec le peuple du Vent (les Tziganes) à leur côté pour les servir.

C’est donc à une intrigue complexe que nous avons affaire, bien qu’elle soit amenée avec un rythme très lent. Pour ma part, j’ai parfois eu un peu de mal à suivre, peinant à comprendre les dessous des machinations dans lesquelles on se retrouve empêtrés à l’instar des personnages. Les passages centrés sur Lamia (une strigoïa rebelle) et les archives du Vatican, supposés éclairer la situation, m’ont souvent fait l’effet de charabia mystique guère compréhensible. La fin apporte quelques réponses, mais j’avoue être curieuse de découvrir la suite pour assembler toutes les pièces du puzzle parce que là je reste sur ma faim !

Cela étant, j’ai cependant trouvé cette lecture très prenante et intéressante. L’auteure approfondit l’univers qu’elle a créé, nous amenant sur les terres d’origine des strigoï en Roumanie. On en découvre plus sur leurs coutumes, leur organisation, les différentes castes (notamment les nékurats avec leur esprit si complexe), bref on s’immerge bien plus dans ce peuple si différent du nôtre.

Les adolescents du premier tome sont devenus plus mâtures, mais je regrette un peu que leur présence soit éclipsée par celle des personnages plus adultes. Lem fait de la figuration pendant les deux premiers tiers du livre, Arthur et Liéga pourraient aussi bien être absents. Seule Maria tire son épingle du jeu, héritant d’une place plus importante dans l’histoire (souvent relatée de son point de vue), mais j’ai au final trouvé que son nouveau rôle n’était pas utilisé autant qu’il l’aurait pu, l’intérêt de celui-ci retombant comme un soufflé.
Dommage également que les deux tuteurs de Lem souffrent toujours de la phobie du partage d’informations. On aurait pu penser que la triste expérience vécue quelques mois plus tôt les en aurait guéris ! Mais non, ils continuent à entourer Lem d’un cocon protecteur que j’ai du mal à comprendre : il ne connaît même pas les règles de base du peuple sur lequel il est appelé à régner ! De plus, il semble que Féhik et Aratar, malgré leur amitié qui date de plusieurs décennies, ne se font pas entièrement confiance, gardant pour eux documents et conclusions qui pourraient pourtant leur permettre de mieux comprendre ce qui se passe.

L’écriture est toujours aussi belle et agréable, et même si j’avais préféré le premier tome, j’ai dévoré celui-ci en un clin d’œil. Vivement la suite !