Les Chroniques de l'Imaginaire

L'île aux femmes - Zanzim

Céleste Bompard est un aviateur tout ce qu'il y a de plus célèbre, qui est le premier par exemple à avoir pu voler la tête en bas ! Ses exploits aériens lui occasionnent un monstrueux succès auprès de la gent féminine, et ce depuis pas mal de temps maintenant. C'est l'adrénaline qui l'anime et, il faut dire ce qui est, Céleste Bompard est finalement un sacré macho, qui drague tout ce qui bouge : héros pour les unes, et salaud pour toutes les autres...

Mais un jour où Bompard transporte du courrier des soldats poilus à leurs compagnes ou épouses, le voilà qui s'écrase lamentablement à proximité d'une île apparemment déserte... Quelques temps se passent : Céleste Bompard parvient à survivre, se construit une petite cabane cosy et parvient même à manger convenablement. L'ennui, au bout de quelques jours, c'est bel et bien la solitude. Bompard a des envies bien naturelles, qu'il lui est impossible d'assouvir seul.

Mais un jour de chasse, Bompard tombe dans un trou, dégringole à n'en plus finir, pour se retrouver dans un lieu paradisiaque, peuplé de femmes jolies, seules, et totalement nues, qui se prélassent au bord d'une cascade. Céleste n'y tient plus et se rue sur les belles, avant de se retrouver attaché et amené au village voisin, qui a tout d'un village amazone.
Bompard découvre qu'un autre homme est présent ici, et qu'il souffre depuis bien longtemps, même s'il est le seul à pouvoir enfanter toutes les dames du village. Bientôt, Céleste Bompard, le macho, doit assurer toutes les tâches les plus ingrates. Mais sa cuisine française commence à faire mouche auprès de quelques-unes de ces dames. Et puis, il y a encore les lettres pleines de passion des poilus, lettres qui lui valent de plus en plus le succès...

L'île aux femmes, one-shot de Zanzim, paraît dans la collection 1000 feuilles de Glénat. On y retrouve un macho qui marche à la testostérone, qui devient rapidement un être plein de faiblesses au milieu de sauvageonnes qui ne lui épargnent rien, si ce n'est de pouvoir admirer leur beauté sans jamais pouvoir y toucher. Zanzim s'éclate visuellement à faire souffrir son personnage principal, mais de façon bien savante, car il faut l'avouer : malgré tous les défauts grotesques de Céleste Bompard, on ne peut s'empêcher de s'y attacher !

Ainsi, l'humour est d'abord bien omniprésent dans ce one-shot, et Dieu sait si c'est un élément actuellement bien important. On voit un homme faire face à l'insurmontable, faire face à ses propres démons, pour réussir à surmonter peu à peu les épreuves, avant de prendre une décision parfaitement intelligente. Le voyage de Bompard sur cette île le changera à jamais et on ne pourra qu'apprécier ce bien joli revirement.

Les dessins de Zanzim, rappelant ceux d'un auteur comme Renaud Dillies ou Hervé Tanquerelle, sont ici parfaitement adaptés à cette histoire : c'est beau, simple, plein de lisibilité, avec des couleurs pleines de discrétion, parfaitement réussies. Une œuvre pleine de tendresse, qui est une véritable bouffée d'air en ces temps bien obscurs où nous nous disons tous que nous sommes Charlie...