Nous sommes en 2054, auprès des historiens de l'Université d'Oxford. Plus précisément, nous sommes à l'aube de la découverte du Moyen-âge par une jeune étudiante nommée Kivrin. Le département médiéval, Gilchrist en tête, a décidé d'envoyer la jeune femme en 1320, et ce pour quelques jours, afin qu'elle puisse confirmer ou infirmer certains us et coutumes du Moyen-âge, et ce à une époque relativement épargnée par les maladies, la peste noire n'étant apparue en Angleterre que plusieurs dizaines d'années après cette date.
Et pourtant, s'il en est un qui est inquiet, c'est bien du Professeur Dunworthy qu'il s'agit. Le vieux professeur, d'un naturel inquiet et prudent, sait que Gilchrist et son équipe sont prêts à tout pour réussir ce premier voyage temporel dans le Moyen-âge, une époque qui était interdite de visite jusque là. Kivrin a beau avoir eu de nombreux vaccins et avoir appris de nombreuses langues anciennes, rien ne parvient à tranquilliser le vieil homme. Et ce n'est pas l'attitude du technicien, suite à l'envoi dans le temps, qui rassurera Dunworthy...
Tandis qu'une mystérieuse épidémie fait son apparition en 2054, Kivrin se trouve étrangement mal en point. Elle est heureusement recueillie par des gens affables de l'époque, qui la soignent durant plusieurs jours, avant que son état ne s'améliore. La jeune fille est inquiète, car elle ne comprend pas du tout les conversations, et elle se demande vraiment ce qu'elle a eu comme mal suite à ce voyage dans le temps. Autre chose, elle ignore totalement comment retrouver l'endroit qui lui permettra de faire le voyage retour, et l'homme qui l'a retrouvé est constamment absent. Mais est-elle seulement réellement en 1320 ?
Le Grand Livre de Connie Willis est un livre qui a déjà une bonne vingtaine d'années ! Je me souviens l'avoir lu à l'époque de sa sortie, avec son prix Nebula obtenu eu 1992. A l'époque, le livre m'avait déjà totalement conquis, avec ce savant mélange de science-fiction et d'Histoire, plus particulièrement celle du Moyen-âge évidemment. Je reste totalement conquis avec cette nouvelle édition chez J'ai Lu, où le roman est suivi de Sans parler du chien, une autre histoire de voyage dans le temps, toujours avec des historiens de l'université d'Oxford.
Dans ce second roman, il est toujours question de Dunworthy, mais plus de Kivrin : c'est Ned Henry qu'on a ici sous la main, dans un contexte particulier pour l'université, qui retrouve enfin du budget auprès de Lady Schrapnell, une richissime américaine qui a le souhait de faire reconstruire à l'identique la cathédrale de Coventry, détruite pendant la seconde guerre mondiale.
Pour atteindre ce but, les historiens ne comptent plus les allers et retours dans le passé, notamment lors de la construction de la cathédrale, afin de pouvoir reproduire les travaux à l'identique au XXIème siècle. Mais Ned Henry n'en peut bientôt plus. La fréquence des voyages lui a donné un mal étrange, bien plus important que les décalages horaires. L'historien a bien du mal à savoir dans quelle époque il se trouve, et il tient des propos pour le moins incohérents, qui l'obligent à un repos forcé.
Et quoi de mieux que l'Angleterre victorienne pour trouver ce repos ? L'époque est idéale : pas de guerre, pas de stress, juste du repos, des balades en canot sur la Tamise, et des discussions avec des ladies et des gentlemen tout droit sortis de l'imagination de Sir Conan Doyle... Tout se passe bien, ainsi, dans un premier temps pour Ned Henry, qui n'a pour autant pas entendu ce que Dunworthy lui a demandé avant son départ...
Ainsi, le souci proviendra d'un chat, qui a été sauvé de la noyade en 1988 par un autre historien, puis amené au XXIème siècle. Ce chat se retrouve maintenant dans l'Angleterre victorienne, et il est sur le point de provoquer un dérèglement spatio-temporel, tout simplement en rencontrant un chien de l'époque victorienne ! Un événement insignifiant ? Pas vraiment, puisqu'il remettrait carrément en cause la survie de l'Humanité toute entière !
Que d'aventures avec ces deux romans de Connie Willis ! On pourrait d'ailleurs croire que cette auteure est anglaise, tant on retrouve l'esprit de Sherlock Holmes, ou encore de certains romans d'Agatha Christie. Et pour autant, il n'en est rien puisque Connie Willis est américaine, native du Colorado. L'auteur s'amuse avec force détails dans les deux romans, où il est d'ailleurs parfois un peu difficile de la suivre, sans une concentration relativement importante, notamment dans les phases de délires de Sans parler du chien. De même, il vaut mieux apprécier l'Histoire médiévale dans Le Grand Livre.
Pour autant, on tient là un magnifique regroupement de deux romans absolument titanesques. L'édition de J'ai lu est luxueuse, parfaite avec cette très jolie couverture blanche présentant un panel de personnages médiévaux. Les personnages sont le plus souvent attachants, et l'humour, souvent présent, apporte cette touche de fraîcheur qui fait une réelle différence.
A recommander aux fans d'Histoire et de science-fiction, qui ne pourront qu'être comblés ! Pour les autres, il va falloir tout de même se bouger pour découvrir les superbes uvres de Connie Willis...