Les Chroniques de l'Imaginaire

Le testament Zarkoff 1/2 (Silas Corey - 3) - Nury, Fabien & Alary, Pierre

Nous sommes à Paris, le 11 Novembre 1918. La foule en liesse a investi les rues de la capitale, et le peuple français a enfin un vrai sourire aux lèvres. Mais dans la foule, il est un homme, Albert Percochet, détective de son état, qui se fait mortellement poignarder. L'homme a tout de même le temps de se rendre chez Silas Corey pour y trouver Nam et lui évoquer les noms de Wotan et Zarkoff, femme richissime qui s'est enrichie pendant la guerre avec la revente d'armes.

Alors, Silas Corey, lui même détective, démarre son enquête, en commençant par le bureau de Percochet. Il y trouve un avocat, Antoine Albertini, envoyé de Neuchâtel par la veuve Zarkoff en personne. L'homme est surpris d'apprendre la mort de Percochet, et Silas Corey sait qu'il doit maintenant se rendre avec Nam à Neuchâtel afin d'y rencontrer Zarkoff.
Il y trouve ainsi, dans une luxueuse propriété, une vieille dame affaiblie par les affres de l'âge. La veuve Zarkoff n'en a plus pour longtemps avant de payer ses crimes en enfer, et elle le sait... Pour autant, maintenant qu'elle sait que des vautours venus de toute l'Europe vont vouloir une part de son empire, elle parvient à charger Corey d'une nouvelle mission. Il se trouve que Zarkoff a eu un enfant prénommé Johann Zichler, un enfant qu'elle a abandonné alors qu'il avait sept ans.

Zichler, Français puisque né à Strasbourg, pourrait ainsi seul hériter de la fortune de Zarkoff. Mais la vieille dame sait que la nouvelle sera très mal prise par ses principaux lieutenants, des hommes d'une suffisance rare pour la plupart. Pour autant, elle parvient à jouir de l'expression de leur visage lorsqu'elle leur apprend la nouvelle. Désormais, Corey sait que Zichler est en grand danger, pour une question d'incroyable héritage. Il va maintenant falloir le retrouver coûte que coûte et le protéger.

Après le joli succès du premier diptyque intitulé Le Réseau Aquila, Fabien Nury et Pierre Alary remettent le couvert avec leur héros pas comme les autres. Silas Corey est un personnage charismatique, bagarreur et intelligent, qui tire généralement vers un personnage comme James Bond. L'homme reprend ici une enquête, par la force des choses, alors que le reste du pays commence enfin à respirer après un conflit dévastateur.

Et il faut bien reconnaître que c'est avec un grand plaisir qu'on retrouve ce personnage aux traits fins et précis, à l'expression soignée, et aux costumes d'époque, toujours très classieux. Pour autant, Fabien Nury met à mal son détective, entre plusieurs scènes d'action (car Silas Corey aime le risque et il sait s'amuser...) et des retrouvailles avec une ex qui n'est pas sans rappeler quelques souvenirs...

Les dessins de Pierre Alary, dessinateur de Sinbad et du récent Moby Dick, sont encore une fois d'une grande qualité : les plans sont très souvent recherchés et audacieux, et ils font particulièrement mouche dans certaines cases, relativement nombreuses. Les personnages ont des postures travaillées, réalistes, et tout semble partir de regards particulièrement maîtrisés.
Le travail sur la colorisation de Bruno Garcia est également à saluer, que ce soit dans les planches sombres qui utilisent avec habileté les grands aplats de noir, ou dans les scènes qui nécessitent une importante lumière, comme cet incendie qui ravage un immeuble où se joue l'avenir de ce diptyque !

Un nouveau tome rempli d'adrénaline et de dialogues incisifs, tout en faisant intelligemment référence à l'Histoire : encore une fois, vivement la suite !