Les Chroniques de l'Imaginaire

Automne 1775 - La fiancée de ses nuits blanches (La Guerre des Sambre - Maxime & Constance - 1) - Yslaire & Boidin, Marc-Antoine

Nous sommes en 1775. Le petit Maxime-Augustin n'a que six ans, mais déjà on peut dire qu'il traîne une histoire de famille plutôt très lourde. Sa mère, Charlotte, est encore de ce monde, mais ses heures sont comptées, et son père, Werner, n'est plus du tout là pour élever son fils. Alors, c'est Gunther von Dantz, l'homme avec qui Charlotte a eu Josepha von Dantz, qui va prendre la relève dans l'éducation de Maxime-Augustin.

Mais l'homme a toujours eu une dent contre le petit garçon, celui-ci étant souvent cruel avec sa demi-sœur Josepha. Et le temps n'améliore pas les choses, surtout lorsque, dans la cour, la reine elle-même fait part de sa préférence pour le petit Maxime-Augustin, très intelligent et très en avance sur son temps, plutôt que pour cette Josepha qui est pourtant la vraie fille de Gunther von Dantz. Alors, une fois dans la demeure familiale, ce dernier ne laisse rien passer, et la violence va commencer pour Maxime-Augustin.

Une violence et une pression quasiment quotidiennes, qui vont même jusqu'à des gestes impardonnables, de véritables viols sur ce petit garçon qui va devoir grandir comme cela. Un véritable cauchemar pour le jeune héritier des De Sambre, qui va pourtant être réellement aimé par sa demi-sœur, Josepha, d'une part, et également par Constance, magnifique petite fille d'une maîtresse de maison qui profite des absences à répétition de von Dantz pour élever sa fille dans un minimum de décence.

Ce premier tome de Maxime & Constance dans le cadre de La Guerre des Sambre nous présente l'enfance de Maxime-Augustin. Une enfance que l'on pourrait penser dorée à souhait. Cela serait commettre une énorme erreur, au vu des événements contés ici par Yslaire. Maxime-Augustin est un personnage important, étant donné qu'il sera le lien entre Werner et Charlotte (autre trilogie de La Guerre des Sambre également dessinée par Marc-Antoine Boidin) et la trilogie sur Hugo et Iris, dessinée elle par les excellents Bastide et Mézil.

La lecture de ce premier tome de Maxime & Constance est un véritable choc, et que cela fait du bien dans le monde de la bande dessinée ! D'abord, on se retrouve avec un récit d'une noirceur implacable. Yslaire est sans pitié avec son personnage et on sait d'ores et déjà que le côté sombre de Maxime-Augustin aura pu trouver des explications dans une enfance cauchemardesque. Ensuite, il y a le dessin, lumineux et magnifique, de Marc-Antoine Boidin.
C'est bien simple : chaque planche de cette nouvelle trilogie est une véritable œuvre d'art, où tout est à l'avenant, et dans le sens du récit imaginé par Yslaire. Il se passe du temps entre chacun de ces tomes, et pour cause : on frôle là la perfection de ce qui peut se faire dans cet art, tout simplement. Les personnages sont charismatiques, attachants, travaillés. Leurs relations sont poussées au paroxysme, autant dans les dialogues que dans les dessins, les plans imaginés... Les costumes et les expressions ne sont jamais laissés au hasard, et l'histoire permet de rencontrer, entre parenthèses, la véritable reine, ainsi que Robespierre : pas moins.

De quoi donner envie de lire ou relire pour la énième fois l'ensemble de cette fresque familiale monumentale imaginée par Yslaire. Vivement la suite, et cela est évidemment valable aussi pour le septième tome de Sambre !