Les Chroniques de l'Imaginaire

Lucas (Les loups de Riverdance - 1) - Gavriel, H.V.

Lucas passe sans relâche de petits boulots minables en petits boulots minables, de villes en villes. Au moindre soupçon de problème, à la moindre alerte de son instinct très sûr, le jeune homme fuit sans laisser de trace. Il n’a ni attache ni ami.
Pourtant, Lucas rêve d’un petit ami régulier avec lequel partager de l’amour et pas seulement du sexe, une maison qui soit un vrai foyer. Rien de bien original, mais cela lui reste inaccessible. La discrétion et la fuite perpétuelle sont le prix à payer pour échapper à son père, qui le poursuit inlassablement pour lui faire la peau.

Un visage d’ange, des yeux qui ont vu l’enfer : tel est Lucas. Au sens figuré, mais aussi au sens propre. Car Lucas est un nephilim, le fils d’une mortelle et d’un ange déchu. Dans sa petite enfance, martyrisé par sa mère qui voyait en lui un monstre, il rêvait d’un père aimant qui le tirerait de sa vie sordide. Hélas, quand le Seigneur Samael, l’ange de la mort, s’est révélé à lui et l’a emmené de l’autre côté du Voile qui sépare la Terre de Shéol, l’adolescent a vite compris que ce n’était pas par amour mais par intérêt. Il a dû lutter quotidiennement pour sa survie, jusqu'à sa fuite après que son père l’ait laissé pour mort. Maintenant, son père veut terminer la tâche, et Lucas n’en finit pas de courir pour lui échapper.

Jusqu'au jour où Lucas s’installe dans une petite ville des North Cascades, où il commence à se faire des amis et à se sentir accepté. Des amis et plus encore, puisqu'il y a également le beau Marcus, le charismatique chef des loup-garous locaux, dont la simple vue fait vibrer Lucas. Alors, quand des meurtres sanglants se produisent, touchant tous des gens que connait Lucas, il attend de voir… Par amour, Lucas refuse de s’éloigner. Le temps est venu d’affronter son passé, quel qu’en soit le prix !

Ce premier tome de la série Les loups de Riverdance surprend un peu : les loups sont certes bien présents, mais - à l’exception de Marcus et sa famille proche - ce sont principalement des personnages secondaires, et leur nature n’est pas forcément importante pour l’histoire. Le récit est raconté par Lucas, un nephilim, et c’est donc plus l’histoire des dieux et des anges qui sert de support à l’histoire (même si les arcanes de l’enfer restent peu explorées, finalement). On est bien dans la veine fantastique, mais pas vraiment centrée sur les lycanthropes.

En fait, c’est surtout une histoire de sentiments humains, de peine et d’espoir, de peur et d’amour. Malgré sa double nature, Lucas est surtout un jeune homme paumé avec un passé des plus noirs. D'ailleurs, si vous êtes allergiques au pathos, ce roman n’est peut-être pas pour vous. On découvre l’enfance de Lucas au fil des flash-back qui remontent peu à peu à sa mémoire : c’était tellement moche qu’il a refoulé ses souvenirs… Le présent n’est guère mieux, Lucas ne faisant pas toujours les meilleurs choix : il cherche vraiment les ennuis, inconsciemment mais aussi parfois consciemment ! C’est une souffrance incessante, Lucas aspire à une vie qu’il sait ne pouvoir obtenir, et ces pleurnicheries continuelles pourraient lasser certains lecteurs.
L’autre personnage principal, Marcus, reste assez énigmatique, on ne rentre pas trop dans les émotions qu’il ressent (hormis l’amour-passion pour Lucas, bien sûr, une fois celui-ci déclaré). On comprend juste que les mensonges et secrets de Lucas lui restent en travers de la gorge, surtout que son instinct protecteur s’accommode mal du manque de confiance qu’impliquent les non-dits…

La présentation éditeur de l’ouvrage met en avant la romance gay. Pour ma part, je trouve que cela ne change pas grand-chose par rapport à une romance hétéro : les scènes sensuelles, suggestives, voire torrides, abondent, avec simplement deux protagonistes masculins au lieu d’un homme et d’une femme. Quant à la difficulté supposée pour un loup-garou alpha d’afficher son homosexualité, elle me semble écartée bien rapidement de l’intrigue. Bref, un point ni positif ni négatif en faveur de cet ouvrage.

Pour finir, un petit mot sur le style. C’est bien écrit, très agréable à lire. Même si j’ai parfois eu l’impression que la mise en place durait trop longtemps, en fait j’ai dévoré le livre de bout en bout en quelques jours. Une bonne lecture de bit-lit, qui donne envie de découvrir d’autres titres de l’auteure.