Les Chroniques de l'Imaginaire

Une histoire de l'île d'Errance (Bran - 1) - Grimaldi, Flora & Plenzke, Maike

L'île d'Errance est un lieu assez particulier : les humains n'y occupent que la côte est, alors que le centre et l'ouest de l'île sont encore habités par d'étranges créatures fantastiques et originelles, qui trouvent refuge dans une forêt interdite aux humains. Ces derniers vivent d'ailleurs selon une monarchie où le prince Bran est un ainsi un adolescent d'importance, bien qu'assez cruel et dépourvu de la moindre compréhension.

Mais un jour que Bran part chasser avec ses amis de la haute, il brave l'interdit, pénètre dans la forêt, et abat un magnifique jeune cerf aux bois d'or. Le cerf en question se transforme en une jeune femme, qui lance un terrible sort plein de haine à l'encontre de Bran. Désormais, le prince sera un corbeau parlant le jour, et redeviendra lui-même la nuit, mais sans la possibilité de s'exprimer autrement que par des coassements...

Alors, Bran va devoir se faire à cette nouvelle condition. Bien évidemment, il est rejeté par les humains qui ne peuvent pas supporter les créatures fantastiques de l'île. Après un moment de pure terreur, Bran parvient à tomber sur Macha, une jolie créature sorcière capable de prendre la forme d'un renard. Macha parcourt l'île pour soigner ceux qui ont besoin de sa science et de ses herbes. Justement, il se trouve que Macha doit retrouver une herbe pour soigner une jeune créature malade. Et il se pourrait que cette herbe soigne également Bran en lui permettant d'annuler son terrible sort.

Flora Grimaldi (au scénario) et Maike Plenzke (au dessin) nous plongent ici dans un univers qui fleure bon la fantasy, et qui n'est pas sans rappeler quelque part le récent film Maléfique qui oppose également de vils humains aux créatures fantastiques. Ici, le rejet entre les deux peuples est valable dès le début du récit, et cela va bien évidemment évoluer au fil des pages.

Ainsi, on fait la connaissance de Bran, un être odieux au départ du récit, qui deviendra bien plus sympathique une fois transformé en corbeau. Le volatile n'est pas celui que l'on préfère en général, et pourtant, les auteurs parviennent à le rendre terriblement attachant, en le faisant parler tout le temps : les dialogues avec Macha sont incisifs, et l'humour devient vite omniprésent, pour devenir le filigrane de ce livre.

Les dessins de Maike Plenzke, une dessinatrice d'outre Rhin, sont vraiment de toute beauté : c'est vif, nerveux, parfaitement coloré. Les personnages sont mis en valeur, les décors de forêts sont vraiment réussis, et même les personnages secondaires sont soignés et crédibles ; de quoi passer un excellent moment de lecture, avec une immersion complète dans ce bien joli monde !