Les Chroniques de l'Imaginaire

Jabberwocky (Jabberwocky - 1) - Hisa, Masato

Fin XIXème, séance de portrait au palais Catherine : l’empereur de Russie, paré de tous ses symboles, pose avec le peintre Hallward. Un des symboles attire l’attention : c’est l’orbe crucifère.
Peu de temps après, les services secrets britanniques apprennent la mort du Tsar et le vol de ce trésor. Lily Apricot, espionne, est mandatée par son boss, N, pour retrouver l’objet et le restituer aux Russes.
Dorokhov, l’assassin du Tsar, a un rendez-vous dans un petit village russe dans trois jours. Lily, toujours une bouteille à la main, se lance à l’assaut du malfrat. Or, au moment d’intervenir, Dorokhov, brandit l’orbe, demandant à un garde du corps de le protéger. Et quel garde du corps, un dinosaure ! De forme humanoïde, le dinosaure arrête la balle du revolver avec son crâne proéminent et sa peau faite d'écailles. Notre espionne mise à mal par l’armée de dinos est sauvée de justesse par deux hommes : Sabata Van Cleef, lui aussi dinosaure, descendant d'oviraptors, une espèce persécutée, et Boothroyd, un inventeur. Tous les deux sont membres d’une société secrète, le château d’If, et vont aider notre héroïne à récupérer l’orbe pour l’empereur de Russie, orbe qui est en fait un œuf de dinosaure, permettant de contrôler l’ultime armée, composée de dinosaures ayant survécu. En échange de pouvoir vivre librement sur son territoire, cette armée a passé un accord avec le Tsar qui en contrepartie pourra user de leurs services. Nos trois comparses ne peuvent laisser une telle arme dans les mains de cet assassin.

Jabberwocky est un OVNI : mettre en scène le pendant féminin de James Bond, habillée de latex, à l’époque victorienne dans une intrigue, mélange d’énigmes, d’espionnage et de dinosaures a de quoi surprendre. On trouve pléthores de références au cinéma et aux œuvres littéraires en tous genres : rien que le titre, hommage au poème de Lewis Caroll extrait de De l’autre côté du miroir, annonce la couleur. Sabata, western de la fin des années soixante joué par le grand Lee Van Cleef, La vallée dans la Lys comme vin de Lily, Hallward, le peintre du Portrait de Dorian Gray, ou encore le Château d’If et son chef Le comte de Monte-Cristo, pour l’œuvre de Dumas. Les références sont telles que la liste n’en est pas exhaustive. Elles font par la même la fierté de l’auteur qui va jusqu’à en faire des glossaires.

Les planches très graphiques sur fond noir semblent elles mêmes être un clin d’œil au Sin City de Franck Miller. Cette ambiance sombre et dynamique est propice à l'action et au seinen. Entre Sabata en imperméable bardé de flingues, Lily, espionne sexy et alcoolique, et Boothroyd, le génie des inventions, notre trio a des faux airs de Ligue des Gentlemans Extraordinaires qui va nous emmener dans des enquêtes des plus alambiquées mais aussi dans un passé torturé. Ce premier volume d’une série de sept tomes parue en 2006 au Japon est la première série de Hisa. Un joli premier coup.